À la question de savoir pourquoi la mercuriale flambe chaque fois qu'approche une fête religieuse c'est toujours les mêmes causes qui reviennent chez les mandataires. Pour eux plus l'Aïd approche plus les marchés de gros en fruits et légumes sont de moins en moins approvisionnés. «Nous enregistrons une baisse sensible d'activités. Les collecteurs livreurs se mettent en congé, ne restent que ceux qui ont des stocks récemment achetés sur pied qu'il faudra vite écouler pour éviter leur avarie. Du coup l'offre est inférieure par rapport à la demande des détaillants des marchés ce qui engendre surenchère sur les prix proposés.» C'est l'explication que nous a donné un ancien mandataire du marché de gros proche de la capitale que la Tribune a pu joindre par téléphone en fin de matinée du jeudi 2 octobre 2014. En fait, pour notre interlocuteur, «les collecteurs livreurs n'étant soumis à aucune obligation et, comme pour la plupart, ils ne se soucient guère qu'ils ont des mandataires à fournir tout au moins jusqu'à la veille de l'Aïd. Ils vont ainsi cesser de faire la navette entre les zones agricoles et les marchés de gros, c'est pourquoi les carrés des mandataires sont de moins en moins garnis». Cependant notre interlocuteur a reconnu que dans sa corporation certains décident de baisser rideau devant la réduction de leur activité durant la période des fêtes. En somme les marchés de gros se retrouvent devant un semblant de baisse d'activité imposée par la désertion précoce de leur fournisseur. Alors que dans les marchés du détail il est enregistré un net regain d'activité à l'approche du jour de l'Aïd. Un paradoxe dont profitent les détaillants pour faire croire à leurs clients que les grossistes sont responsables de la hausse des prix sur leurs étals. Des explications que ne partagent pas des économistes bien au fait du circuit national de la commercialisation des produits végétaux. En effet ces derniers avancent que «c'est bien l'absence de régulation qui ouvre la voie aux fluctuations conjoncturelles». Et de soutenir : «C'est pourquoi l'autorégulation devient une priorité à mettre en place.» Ils pensent même qu'elle est impérative «dès lors où sur le terrain la dérégulation dans le marché de la consommation est de mise. Une situation vite mise à profit par les spéculateurs faute d'un système d'établissement des prix». Pour rappel un instrument a déjà été mis en place piloté par l'Office national interprofessionnel des légumes et viandes (Onilev*) qui a vite fini par montrer ses limites. C'est pourquoi les économistes jugent qu'un autre instrument plus étudié peut se révéler des plus utiles pour endiguer les variations journalières des prix des produits agricoles qui, ces derniers temps, en période de fêtes religieuses notamment, ont tendance à dépasser les marges acceptables. Ce qui nous ramène à dire, et compte tenu de l'envolée des prix des produits agricoles frais de ces deux dernières semaines, qu' il serait temps de trouver les solutions idoines pour ne plus faire face au scénario de l'envolée des prix durant la période des fêtes ou du moins la ralentir, comme il serait souhaitable de diminuer les amplitudes des prix. C'est là donc un chantier que devra s'atteler à mettre en exécution le ministère du Commerce dans l'intérêt de l'économie nationale et des consommateurs. Z. A. ONILEV : Son efficacité bat de l'aile Créé par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural le 2 octobre 2009, l'Onilev a pour objectif de contrecarrer les spéculations tarifaires par des moyens législatifs, techniques et économiques tout en impliquant professionnels, producteurs et consommateurs. En clair la vocation première de l'Onilev n'est effectivement pas de répondre à des pressions conjoncturelles sur le marché. Bien au contraire il intervient toute l'année pour garantir un équilibre constant entre l'offre et la demande en produits agricoles de large consommation comme la pomme de terre, la tomate, l'oignon, les viandes rouges et blanches. Selon des responsables de l'Onilev, l'intervention de l'office pour réguler le marché de la commercialisation des fruits, légumes et viandes est constante durant toute l'année pour protéger le consommateur. Néanmoins on reconnaît au niveau de cette structure qu'en période de fêtes la spéculation n'est pas entièrement maîtrisée. C'est en quelque sorte un aveu de demi échec et du coup il y a nécessité de le rendre plus efficace si l'on veut que cet office remplisse pleinement sa mission. Z. A.