Les principaux produits végétaux qui garnissent le panier de la ménagère ont connu une flambée des prix dès l'apparition de la neige sur le centre et l'est du pays. C'est à croire que cela est devenu une règle dans le circuit du commerce du détail des légumes et de la viande blanche et rouge. Et pour preuve : chaque fois qu'une intempérie intervient et persiste plus de 24 heures, c'est le marché des légumes et de la viande qui s'enflamme. Une causalité que les consommateurs assimilent mal. Mais pour les détaillants, cette hausse subite s'explique facilement. Tous ceux que nous avons pu interpeller sur la question, lors de notre virée hier dans plusieurs marchés de la capitale, ont été unanimes dans leur réponse. Ils invoquent tous comme raison à cette envolée rapide des prix à la consommation des produits frais à la rupture dans l'approvisionnement des marchés de gros. «La fermeture de plusieurs axes routiers depuis la soirée de jeudi a rendu impossible l'approvisionnement des marchés de gros par les collecteurs-livreurs, et du coup l'offre sur place s'est grandement diminuée avec comme corollaire une mercuriale affichant des prix exorbitants. Ce qui nous a poussé à limiter en volume notre ravitaillement par crainte de mévente car nos clients n'ont pas tous le même pouvoir d'achat», nous ont-ils renseignés. Du côté de quelques gérants de marchés de gros de la capitale que nous avons pu joindre par téléphone, c'est aussi le même son de cloche avec cette différence : «Certes, le flux des arrivages a connu une baisse sensible, au point où l'offre est devenue nettement inférieure à la demande. Ce que d'ailleurs les collecteurs ont mis à profit pour augmenter légèrement leurs prix, et a poussé les détaillants à répercuter sur leurs étals mais de façon plus corsée, d'après les échos qui nous sont parvenus», nous ont signalé nos interlocuteurs. Après ces explications avancées par les détaillants et les gérants de marchés de gros, les consommateurs rencontrés n'ont pas hésité à donner leur avis : «Ce n'est pas une question de quantités disponibles au niveau des marchés de gros, c'est plutôt le fait que les acteurs du circuit commercial des produits végétaux et animaux saisissent toutes les occasions (fêtes, long week-end et intempéries) pour faire flamber les prix sur les étals. Il faut dire aussi et comme l'ont souvent souligné des observateurs du circuit commercial du détail : «Les surenchères des produits agricoles qui interviennent de façon conjoncturelle et intempestive sont la résultante du dysfonctionnement des marchés de gros. Une situation aggravée aussi par des détaillants avides de gros bénéfices»… Un tel constat renvoie au rôle et aux missions de régulation de l'Etat, dans ses actions de prévention des dérives éventuelles que peuvent générer les mécanismes de fonctionnement autonome du marché des produits agricoles. Un marché qui a un besoin d'être encadré et «moralisé» si l'on veut une fois pour toutes annihiler la spéculation dans un domaine aussi vital. Z. A.