Le juge antiterroriste français, Marc Trévidic, en mission à Alger, depuis dimanche dernier, dans le cadre de l'affaire des moines de Tibehirine, va travailler sous l'autorité du juge algérien, en charge de la même affaire. C'est ce qu'a indiqué hier le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, en marge de l'installation du conseiller à la Cour suprême, Abdi Benyounès, à son nouveau poste de président de la Cour d'Alger. C'est une question de souveraineté nationale, a-t-il insisté et cela s'applique donc pour cette affaire comme pour d'autres, à l'exemple de celle de Khalifa. «L'exécution de la procédure rogatoire et l'application des procédures seront effectués par le juge algérien en charge de l'affaire. Il s'agit d'une question de souveraineté nationale et cela va avec les usages internationaux», a affirmé le ministre. Le juge français, Marc Trévidic, est accompagné par sa collègue Nathalie Poux et tous les deux vont participer à une expertise des têtes des sept moines, enlevés et assassinés par un groupe terroriste du GIA en 1996. L'expertise commencera probablement aujourd'hui, puisqu'il est question que les deux juges et leurs collègues algériens se déplacent à Médéa aujourd'hui. Il y aura une autopsie des têtes des sept religieux et celle-ci se fera par la partie algérienne. Les deux juges y seront présents. Tayeb Louh a rappelé que l'enquête sur l'assassinat des moines de Tibehirine a été engagée par la partie algérienne en même temps que celle française. Elle a été instruite par le pôle pénal d'Alger spécialisé dans les affaires de terrorisme et de crime organisé. Les deux parties travaillent en coordination. Le juge algérien en charge de l'affaire se rendra, d'ailleurs, en France, durant la dernière semaine de ce mois d'octobre. Pour ce qui est de l'affaire de l'exécution de l'alpiniste française, Hervé Gourdel, contrairement à ce qui a été rapporté récemment par la presse, le ministre a refusé de confirmer l'information indiquant que l'auteur principal du crime est le terroriste appelé Bachir Kherza. «L'identification de l'auteur de l'égorgement du ressortissant français est toujours en cours», a-t-il dit, sans plus de détails. Par ailleurs, «les autorités judiciaires sont en train de procéder, grâce à des analyses ADN, à l'identification des terroristes, au nombre de huit, tués lors de l'opération déclenchée par l'armée, à l'annonce de l'enlèvement du ressortissant français». Concernant l'affaire Khalifa et le pourvoi en cassation introduit par la défense, «la Cour suprême tranchera dans les jours à venir Si la réponse est négative, l'affaire sera programmée pour la première session criminelle de l'année 2015». Pour en revenir à l'évènement d'hier -installation officielle de Abdi Benyounès à son nouveau poste de président de la Cour d'Alger- le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a rappelé que cela vient en application de la décision du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de procéder à un mouvement partiel au sein du corps de la magistrature. Cela entre dans le cadre de la réforme de la justice et la modernisation de son fonctionnement et de ses services. À cette occasion, le ministre a affirmé, encore une fois, l'urgence d'aller vers un nouveau découpage judiciaire de la Cour d'Alger de façon à pouvoir mieux gérer les affaires des citoyens : «Depuis 1984, les activités de la cour se déroulent au niveau de cinq tribunaux. Nous ne pouvons pas continuer sur cette voie.» Le gouvernement a alors décidé d'un nouveau découpage judiciaire de cette cour, cela par la création de trois nouveaux tribunaux (Draria, Birtouta et Zéralda), ainsi que de l'attachement du tribunal de Rouiba. Les nouvelles réalisations sont inscrites dans le programme quinquennal 2015-2019 et le projet de loi de Finances 2015. K. M.