Mohamed Rahmani Finalement et après plus d'une dizaine de jours d'une grève qui avait bloqué le laminoir rond à béton (LRB), les ouvriers ont repris le travail après un accord conclu avec la direction. L'accord en question porte sur la constitution d'un comité ad hoc chargé d'étudier les revendications exprimées et la réintégration des 4 travailleurs suspendus après signature d'engagements individuels portant sur le respect du pacte de stabilité sociale et du règlement intérieur du complexe sidérurgique. La reprise s'est effectuée jeudi passé, chacun ayant rejoint son poste de travail marquant ainsi l'arrêt de la grève ce qui a quelque peu rendu l'espoir aux 5 000 ouvriers qui risquaient de ne pas être payés à la fin du mois d'octobre. Il faut dire que la production s'était totalement arrêtée pendant cette période, le haut fourneau n°2 (HF) étant à l'arrêt depuis trois mois, les ouvriers du port refusant de décharger les brames et les billettes importées des autres sites d'ArcelorMittal, et donc toutes les unités en amont et en aval du HF étaient paralysées. Les autres unités LRB et production du fer plat l'étaient aussi. Le complexe complètement paralysé, une situation financière insoutenable, un plan d'investissement qui tarde à être mis en place et des conflits entre syndicalistes ont fini par mettre à genoux ce bastion de l'industrie nationale. Cette situation a eu pour origine les arrêts répétés du haut fourneau pour incidents techniques depuis le mois de juillet dernier, entre autres des explosions de tuyères qui ont due être remplacées après interventions de techniciens locaux. Ces arrêts cumulés ont solidifié les matières en combustion qui avaient bloqué le haut fourneau et on a du faire appel à des experts espagnols et ukrainiens, qui sont encore sur le site où ils interviennent aidés par des cadres et des ouvriers qui y travaillaient. L'opération se déroule 24h/24 et c'est «une vraie course contre la montre, car si l'opération déblocage est interrompue, la matière se solidifierait encore et tout le travail qui a été fait n'aura servi à rien. C'est pourquoi les équipes se relaient pour éviter pareille situation. C'est un travail fastidieux et difficile, mais nous pensons pouvoir nous en sortir et remettre en service cette installation stratégique bientôt», nous explique un cadre d'ArcelorMittal. Mais -et il faut le dire- ce «bientôt» n'est pas pour demain, car il y a quelques temps déjà la direction du complexe avait annoncé que le haut fourneau serait mis en service un mois après l'intervention des équipes spécialisées, on en est à trois mois et ce n'est pas encore réglé. La mise en service risque donc de prendre encore plus de temps et le complexe sidérurgique continuera à tourner au ralenti -à peine 25 à 30% de ses capacités-, avec des ressources financières très réduites et ne couvrant même pas les charges, un partenaire social englué dans des problèmes syndicaux et un moral très bas dans les milieux ouvriers. Bref, les signes avant-coureurs d'une faillite sont réunis. Et ça sera une catastrophe économique pour la région car le complexe sidérurgique est le poumon de l'économie régionale, qui emploie directement 5 200 ouvriers, en plus de près de 20 000 autres emplois indirects. M. R.