Ce n'était pas une parade militaire comme le souhaitaient et l'attendaient, à l'occasion du 60e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale, les nombreux habitants du boulevard Zighoud Youcef et tous ceux qui aiment à emprunter cette grande rue de la ville d'Alger. C'était plutôt un défilé des corps de la police, de la protection civile, des Douanes algériennes, ainsi que des scouts, suivis d'une procession solennelle de cavaliers représentant différentes wilayas du pays, Ghardaïa en tête. Les troupes se distinguant chacune par un uniforme prestigieux des cavaliers et les selles sur des chevaux fringants. Ces derniers menaçant de quitter la scène rapidement pour retrouver leur espace habituel, là où ils peuvent se cabrer et s'élancer à leur guise. «Ils ne pourront pas y rester longtemps, ils ne supportent pas de s'arrêter à un point», fait remarquer un citoyen. C'est le cas, les chevaux n'arrêtent pas de se mouvoir comme pressés, effectivement, de partir. Et cela n'a pas été sans susciter l'amusement des habitants et autres passagers, adultes et enfants, hommes et femmes, nombreux à admirer les mouvements des troupes et surtout les tirs de baroud. «Tirez!», scandent les spectateurs. Et les troupes obéissent. Les tirs de baroud résonnent fort autour de la place de la Grande Poste jusqu'à la Place des Martyrs. Excités davantage par les tirs et la résonance que cela produit, les habitants en réclament davantage. «Tirez !» demandent-ils. Et ça tire. C'est tout un symbole, toute une histoire, dit un homme à son fils. C'est aussi des messages et un appel à la relève. La nécessité de remettre le flambeau pour les anciens et le devoir de le prendre pour les nouveaux. Dans le défilé, des enfants d'à peine 7 à 8, ont parcouru le boulevard Zighoud Youcef, enfilant une tenue du corps de la police. «C'est la relève», fait remarquer un autre. Et de poursuivre : «Mais c'est aussi valable pour tous les autres corps.» Les femmes policières et douanières ont suscité l'admiration par leur allure, leur sérénité. «Il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes. Bien au contraire, la richesse du pays est dans cette complémentarité entre les hommes et les femmes», soutiennent deux femmes d'un certain âge. L'engagement de l'Algérie dans la Guerre de libération nationale a été raconté à travers ce défilé et cela rappelle bien d'autres défilés qui ont eu lieu sur la même rue par le passé. Des anciens moudjahidine étaient au rendez-vous et, eux aussi, ont parcouru la grande rue, avec fierté, témoignant à leur manière d'une partie de l'histoire de l'Algérie. A la rue Didouche Mourad, c'est le haïk qui était au rendez-vous, à la grande joie des amoureux de cet habit traditionnel, jalousement gardé par la mémoire collective. Les femmes habillées de ce haïk ont défilé sous la protection des services de sécurité. Ailleurs, des voitures et des motos de l'époque coloniale ont bien fait la joie de nombreux citoyens. Un voyage dans le passé pour certains et une redécouverte pour d'autres après les images révélées dans les livres et l'écran de télévision. K. M.