La majeure partie des citoyens algériens attend impatiemment la réintroduction du crédit à la consommation dont le retour a été consacré par la loi de Finances 2015, coïncidant avec l'inauguration de l'usine Renault à Oran, et la sortie de sa première voiture Symbol fabriquée en Algérie. Les entreprises nationales publiques et privées se préparent pour satisfaire la demande d'une clientèle qu'elles s'attendent à être nombreuses, car beaucoup de citoyens n'ont pas les moyens propres nécessaires pour s'offrir, d'un seul coup, toutes les commodités d'une vie de confort, d'autant qu'avec le retour de la formule location vente de logement (Aadl) beaucoup seront dans le besoin pour les meubler en électroménager et mobilier. Le crédit à la consommation est une aubaine donc pour les ménages pour acquérir tous les biens dont ils ont besoin même s'ils n'ont pas trop le choix sur les produits, puisque le dispositif concerne, et tant mieux, le produit national. Une façon d'encourager et de protéger l'économie algérienne de la concurrence parfois déloyale. Cette manière de faire va créer une certaine compétitivité au sein de nos entreprises, qui devront redoubler d'efforts pour mettre des produits de qualité à la disposition des citoyens et à hauteur de leurs attentes. Dernière ligne droite donc pour les banques qui se préparent pour accueillir le flux des demandeurs de crédits à la consommation pour les produits de fabrication locale. Mais pour mieux faire face à cette opération et avant même de la lancer, la Banque d'Algérie est en train de mettre en place la Centrale des risques pour accompagner ce dispositif de crédit à la consommation. Abderahmane Benkhalfa, conseiller économique indépendant et ex-délégué de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), rencontré à la Conférence économique et sociale initiée par le ministère de l'Industrie et des Mines, nous a rappelés que «le crédit à la consommation revient parce que la loi de Finances 2015 a enlevé l'abrogation qui existait, et c'est une bonne chose pour le pays, pour la demande, et pour la prospérité du pays». Selon lui, sur le plan opérationnel «il est difficile de le mettre en place puisqu'il s'agit d'un crédit strictement destiné aux biens qui sont produits en Algérie». Les banques attendent la liste des produits Un dispositif règlementaire est attendu parce que les banques savent déjà faire du crédit à la consommation, mais attendent aujourd'hui la liste des produits ou des entreprises concernées par ce crédit à la consommation, fera savoir encore notre interlocuteur. Le décret en question va déterminer les entreprises, les marques et le taux d'intégration, puisque le crédit ne sera appliqué que pour les produits fabriqués localement, qu'il s'agisse de mobilier, d'électroménager ou d'équipements domestiques ou de véhicules. «Le système va fonctionner moyennant cet éclairage parce que sans ce décret qui détermine quels sont les produits ou quelles sont les entreprises, le système ne pourra pas fonctionner.» Souhaitant voir publié ce décret avant 2015, M. Benkhalfa reviendra aussi sur un autre organe, tout aussi important dans cette opération de relance du crédit à la consommation. Il s'agit de la Centrale des risques. Celle-ci, est presque prête au niveau de la Banque d'Algérie, soutient notre interlocuteur, ajoutant que «ce n'est pas nécessaire qu'elle soit opérationnelle le premier jour, l'essentiel c'est de l'être durant les premiers mois de 2015 pour pouvoir maîtriser le surendettement» auquel pourraient s'exposer les citoyens. Etayant ses propos, M. Benkhalfa s'attend comme tout le monde «à une demande forte sur ce crédit qui va s'orienter vers les produits nationaux et c'est très bien parce que c'est le levain de la croissance». Toutefois, ajoutera-t-il, «Il faut en même temps que les gens qui ont la possibilité de s'endetter ne le fassent pas au niveau de plusieurs guichets et se retrouvent sous un fardeau de dettes». La Centrale des risques est un organe qui «va saisir aussi bien les crédits qui existent que ceux à venir et saisir l'endettement de chaque citoyen algérien dès le moment où il en fait la demande», explique le conseiller économique indépendant. Elle est généralisée pour tous les guichets et toutes les banques et sert de protection contre le surendettement. «Les trois instruments légaux, règlementaires et la liste des produits des entreprises qui va sortir, ainsi que l'instrument financier qui est la Centrale des risques sont tous pratiquement au même niveau; les banques pourront commencer à octroyer des crédits en 2015, mais, j'insiste encore une fois, c'est la Centrale des risques qui nous permettra de faire du crédit à la consommation un levain de la croissance sans aller rapidement à un surendettement», ajoutera M. Benkhalfa. Pour rappel, et contrairement au crédit à la consommation initié avant et qui était ouvert à tous les produits, ce nouveau dispositif est conditionné à l'achat d'un bien uniquement de production locale, pour booster les entreprises nationales et encourager les Algériens à consommer «Made in Algeria». B. A.