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Les cafés d'Alger, vestiges d'une époque révolue
Retour au temps d'El Anka, Titiche, Hadj M'rizek et du chaâbi
Publié dans La Tribune le 03 - 12 - 2014

Avec ses murs décrépis, ses ruelles humides et ses terrasses qui portent loin sur la mer, la Casbah d'Alger offre toujours ce qu'elle a de plus beau de son histoire millénaire : le café Malakoff, où résonnent encore aujourd'hui les voix mélodieuses des maîtresdu chaâbi.
Par la rue de Bab El Oued, dans la basse Casbah, on va directement vers ce café mythique du vieil Alger, où se donnaient rendez-vous chaque soir des noms illustres du chaâbi : Hadj M'rizek, El Anka, Titiche, El Ankis, Boudjemaa
Ferguène ou Mohamed Gamba.
Le café Malakoff était le lieu culte des jeunes mélomanes de chaâbi, mais surtout servait tout aussi bien aux grands maîtres du chaâbi qu'à la génération montante de cette musique urbaine typiquement algéroise, plus tard elle sera reprise à l'ouest du pays (Mostaganem et Oran), puis vers le Maroc, notamment à Casablanca, à se rencontrer.
Aujourd'hui, ce café mythique de la Casbah des années 1950-1960, qui a par ailleurs servi aux moudjahidine et aux moussebiline de la Zone autonome d'Alger, n'est plus qu'un simple café hors du temps, vestiges d'une époque qui
s'estompe, que visitent des nostalgiques du chaâbi.
Des photos de chanteurs célèbres jaunies par le temps, des objets souvenirs sont collés aux murs, et des images d'Alger du début du siècle, exposées aux
visiteurs et aux curieux, qui, le temps de siroter un thé à la menthe ou au citron, se replongent dans cette atmosphère si particulière du monde de la musique chaâbi au temps des grands maîtres du genre.
Dans la basse Casbah, près de la rue Médée, où trônait le café du Widad Athlétic de la Casbah (WAC), il y avait, à l'opposé du café Malakoff où se rassemblaient les soirs d'été les chanteurs du chaâbi mais également d'autres genres musicaux, le célèbre café des F'nardjia (allumeurs de gaz).
Ces travailleurs de la mairie d'Alger se rencontraient dans ce café proche du marché de la rue de la Lyre (actuelle rue Bouzrina), chaque fin de journée, y
prenaient un thé avant d'aller avec leurs longs becs à gaz allumer les lampadaires du front de mer, de la Grande Poste à l'ex- rue de la Marine, près de l'Amirauté.
«Aujourd'hui, il ne nous reste que la nostalgie de ces cafés du vieil Alger, qui bruissaient de mille voix, de marins racontant leurs aventures aux quatre coins du monde, aux musiciens qui y venaient le soir échanger des q'cidates, ou apprendre auprès des cheikhs», lance Hassan, un natif de la rue du Diable, dans la haute Casbah. Sur le front de mer d'Alger, «il reste cependant quelques bribes de ces temps perdus, de ces moments de bonheur qu'on prenait à prendre un thé, en face de la baie et du port, après une dure journée de travail», tempère-t-il.
Le café Tlemçani, même s'il a perdu de son lustre d'antan, est là, encore
présent pour représenter «cette belle époque où ses clients venaient en costume cravate se détendre sur la terrasse», et, surtout, «profiter de la brise marine en été pour respirer les mille et une odeurs de la ville, bercé par Lehmam d'El Anka, où les satires de Mohamed Touri».
Aujourd'hui, épave parmi les épaves, le café Tlemçani n'est plus qu'une relique d'un passé que certains vieux algérois ne veulent pas oublier, un lieu qui leur
rappelle que des moudjahidine, comme Rabah Bitat, avaient fait de ce café un lieu de rassemblement des militants de la «ZA».
Un peu plus bas sur le boulevard, il y avait le café Gourari, qui battait le rappel dans les années 1980 et 1990 des vieux algérois, des gens de la Casbah, des nostalgiques du chaâbi et des supporters des vieux clubs algérois. A l'opposé, à la rue Didouche Mourad, à la rue Larbi Ben M'hidi, ou la rue Hamani, c'est une autre faune qui peuplait des cafés et des glaciers particuliers, dont certains font partie de l'histoire de la révolution armée. Comme le Coq Hardi, près de la Faculté des sciences humaines d'Alger, avec sa grande terrasse, assidûment fréquenté par les étudiants «fauchés», ceux qui «vivaient de leur maigre bourse» dans les années 1970, raconte Khaled, un
tuniso-algérien rencontré sur les lieux.
Du Neve au Dinar, le temps qui passe
Pourtant, très peu de ses clients étaient au courant que ce café, fréquenté à
l'époque coloniale par la petite bourgeoisie française avait été dynamité en 1957 par la résistance algérienne. Et, juste en face, il y avait le Neve, un petit café fréquenté par les «branchés» des années 1970, cheveux longs et pantalons amples : ils refaisaient le monde, dans la foulée de l'annonce des «3R» (révolution agraire, industrielle, culturelle).
Les cafés d'Alger des années 1970-1980, c'était également ceux de Bab El Oued, l'un des quartiers les plus populaires de la capitale qui comptait alors 9 salles de cinéma, dont les plus célèbres étaient le Marignan avec son écran en cinémascope et l'Atlas, avec ses deux «orchestres» et un toit ouvrant.
Au Bd Ali Basta, il y avait l'Olympic, qui battait le rappel des joueurs de l'USM Alger, dont le défunt Keddou Djamel et Debbah, et, un peu plus loin, vers l'avenue Boubella, les fans du Mouloudia d'Alger se retrouvaient à Kahouat
El Kamel.
En allant vers la place des Martyrs, à la fin du pâté d'immeubles haussmanniens de l'avenue Boubella (Ex-la Marne), plusieurs générations de lycéens, ceux des Lycées Emir Abdelkader et Okba, faisaient souvent leurs devoirs à la hâte sur la terrasse du Café des amis.
Et, à 13 heures, potaches et retraités entamaient au café du Brésil de fantasques parties de belote ou de dominos. Là, les anciens de l'USMA, comme
Bernaoui, ou Betrouni du Mouloudia, ne dédaignaient pas un «noir» accompagné d'un «youyou» (gâteau algérois) entre anciens adversaires sur un terrain
de football.
Les cafés d'Alger, où les algérois passaient des moments de détente entre amis à refaire le monde, sinon les équipes de football du quartier, ont pour la plupart d'entre eux, les plus célèbres, disparus, ou perdus leur «aura». D'autres, comme le café Dinar de l'avenue Che Guevara, près du square Port Said, a été reconverti en dépôt de tissus de confection.
Ce café, qui donnait une vue imprenable sur la rade d'Alger, dans les années 1980 et bien avant, avait abrité de passionnantes et passionnées discussions de journalistes, sur le monde, l'impérialisme, Charlot ou les résultats du
championnat d'Algérie de football.
«A la différence des cafés d'aujourd'hui, ceux d'antan donnaient une belle image de l'art de vivre de leur époque, de cette urbanité qui fait tant défaut de nos jours» à la population d'Alger, explique Zineddine Karabernou, le seul menuisier, qui reste en activité à la Casbah, rue Sidi M'hamed Cherif.
APS


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