La crise financière s'avère au fil des jours plus profonde, et les conséquences économiques et sociales ne cessent de se faire sentir. Le constat est des plus alarmants : le taux de chômage au niveau mondial connaît une progression dangereuse Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Alors que la zone OCDE affichait, en 2007, son plus faible taux de chômage depuis 1980 (5,6%), le marché du travail s'est brutalement retourné. Désormais, le BIT et l'OCDE estiment que le chômage risque de toucher entre 20 et 25 millions de personnes de plus dans le monde d'ici à 2010, atteignant un record de 210 millions de personnes fin 2009. En effet, plusieurs milliers de salariés ont perdu leur emploi dès fin 2007 aux Etats-Unis. En Europe, plusieurs pays ont été touchés. Le taux de chômage dans la zone euro est monté à 7,8% en novembre dernier, son plus haut niveau depuis presque deux ans. Il y a un an, il n'était encore que de 7,2%, au plus bas depuis la création de la zone euro en 1999. Mais depuis l'automne, ce taux remonte régulièrement. L'Allemagne, moteur économique du Vieux Continent, est également touchée depuis de la fin de l'année écoulée. Divers secteurs d'activité ont connu une vague de licenciement et de suppression d'emploi. Banques, BTP, automobile, sidérurgie ou télécoms, sont entre autres, les plus touchés, et les annonces de suppressions d'emploi massives se succèdent. Au Royaume-Uni, il a déjà atteint un sommet depuis 1999 sur les trois mois achevés en novembre dernier. La France où le marché du travail est jugé moins flexible, commence aussi à être rattrapée par la crise. Selon les prévisions de la Commission européenne, la récession devrait s'accompagner d'une hausse du taux de chômage de près de trois points dans la zone euro entre 2008 et 2010. Il va franchir l'an prochain la barre des 10%, pour la première fois depuis dix ans. Certains pays sont d'ores et déjà fortement touchés, comme l'Espagne, dont la croissance s'était appuyée sur beaucoup de contrats précaires dans le bâtiment ou les services, secteurs frappés de plein fouet par la crise. Son taux de chômage, le plus haut dans l'UE, s'est déjà envolé de près de cinq points depuis la fin 2007, à 13,4%. Il devrait encore monter à 18,7% l'an prochain, selon la Commission. Avec la mondialisation, «cela a fait tache d'huile, y compris dans les pays qui n'avaient pas fait d'excès en matière d'économie financière», constate Raymond Torres, directeur de l'Institut d'études sociales au Bureau international du travail (BIT). Même scénario en Asie. En Chine, environ six millions de migrants sont rentrés dans leurs campagnes après avoir perdu leur emploi en ville. Au Japon, où environ un tiers des salariés sont intérimaires ou en contrat à durée déterminée (proportion la plus élevée derrière les Pays-Bas), au moins 85 000 employés temporaires, souvent immigrés, notamment d'origine brésilienne, ont ou vont perdre leur emploi d'ici mars prochain, indiquent les mêmes sources. S. B.