De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Chaque année, les structures sanitaires des onze communes composant le groupement d'Oran génèrent un peu plus de 31 tonnes de déchets spéciaux (sur les quelque 100 000 tonnes de la région ouest), dont sept à mettre à l'actif du seul centre hospitalo-universiraire d'Oran. Doté d'un incinérateur, souvent en panne, le CHUO d'Oran n'a aucun autre moyen de se débarrasser de ses déchets que de les mettre dans les poubelles, comme n'importe quelle autre ordure ménagère. «Nous sommes habitués à voir ces déchets traîner partout, confirme un travailleur de l'hôpital, qui ne cache pas son écœurement face à l'indifférence des gestionnaires de l'établissement hospitalier et de la ville. On sait que ces déchets sont extrêmement dangereux aussi bien pour le personnel que pour les patients, on n'en continue pas moins de laisser faire. Et ça dure depuis des années !» Selon diverses sources, ces déchets se retrouvent à terme dans les décharges publiques, comme celle d'El Kerma que des dizaines de personnes «visitent» chaque jour, de fond en comble, le plus souvent à mains nues. Et lorsqu'on sait qu'environ 8 à 10% de la population vivant à proximité d'une décharge publique et des pools de pollution industrielle présente des rhinites ou de l'asthme, on imagine aisément les dangers, autrement plus graves, encourus par tous ceux qui évoluent à proximité des déchets spéciaux (les spécialistes estiment qu'un établissement sanitaire génère 45 sortes de déchets). «Avec les chaleurs qui s'annoncent, il faut s'attendre à des épidémies», prévoit le même infirmier, en rappelant la réapparition de toutes les maladies que l'on pensait définitivement éradiquées. Il y a quelques mois, la direction de l'environnement d'Oran a notifié à toutes les structures hospitalières, qu'elles soient publiques ou privées, de prendre les mesures qui s'imposent afin de procéder à l'élimination de leurs déchets. Devant l'inaction de ces établissements, la direction de l'environnement avait mis en demeure 24 cliniques privées (on estime qu'une clinique génère environ une tonne de déchets spéciaux par an) de les détruire. Pour le moment, le Plan national de gestion des déchets spéciaux (PNADGES), qui a permis de caractériser le déchet par typologie au niveau de dangerosité, lequel suit l'évolution de la production des déchets spéciaux, ne trouve pas encore sa concrétisation sur le terrain. «Cela tient au fait que nous ne sommes pas encore complètement sensibilisés aux dangers des déchets spéciaux, explique un médecin. Nous en dénonçons la dangerosité, mais sans en être suffisamment conscients. Autrement, il y a longtemps que nous aurions pris les mesures qui s'imposent pour les éliminer dans les conditions idoines. Et le débat aurait été clos depuis très longtemps.»