Photo : Riad De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali S'il est communément admis qu'Oran est l'une des wilayas les plus insalubres d'Algérie -le constat déplorable a été fait par tout le monde, du simple citoyen au Premier ministre- il faut également se rendre à cette évidence que le chef-lieu est en tête du classement des communes oranaises les plus sales. Non seulement en raison de la quantité des déchets produits chaque jour par chaque habitant (environ 0,7 m3, soit quelque 1 000 tonnes/jour) et du manque de civisme de nombreux Oranais qui ne se soucient visiblement pas de leur cadre de vie - même s'ils sont les premiers à ostensiblement étaler leurs connaissances environnementales et à souligner la responsabilité des responsables- mais aussi et surtout en raison du fait que la commune d'Oran est l'une des plus riches d'Algérie et qu'elle dispose de tous les moyens humains et matériels lui permettant de se débarrasser de cette étiquette peu très reluisante qui lui colle depuis de très longues années. «C'est la stratégie de la collecte des déchets et de nettoiement qui est inefficace», assurent des élus de l'ancienne équipe communale -dont le mandat était tout aussi insalubre- alors que, lors d'une récente réunion de l'exécutif communal, l'actuel maire, Sadek Benkada, s'en prenait aux organisateurs de la 16e conférence mondiale sur le gaz naturel liquéfié (GNL16) qui n'avaient pas encore débloqué le moindre centime pour prendre en charge l'hygiène de la cité. Il est vrai que, depuis l'annonce de sa tenue en avril 2010, ce rendez-vous mondial occupe le tout-Oran et des dizaines de chantiers sont ouverts partout dans la ville. De nouvelles trémies et de nouvelles routes sont en cours de réalisation, l'itinéraire du tramway se dessine plus nettement, le nouveau Centre des conventions d'Oran qui doit accueillir les délégués avance à pas de géant… Bref, toute l'attention se concentre sur le rendez-vous d'avril qui mettra (encore une fois) la capitale de l'Ouest sous les feux de la rampe. Le ministre de l'Energie lui-même se déplace très régulièrement à Oran pour suivre personnellement l'avancée des travaux de préparation du GNL16. Malheureusement, le volet hygiène et salubrité demeure en deçà des attentes, malgré le renforcement des moyens de collecte des ordures ménagères, notamment la décision, prise en mars dernier, de procéder au recrutement de 1 200 travailleurs chargés de l'hygiène et de l'entretien des espaces, ou l'opération «Oran ville propre» lancée voilà deux années par la commune pour «sensibiliser le citoyen à la nécessité de faire attention au cadre de vie et à la nécessité de changer de comportement», comme le précisent les promoteurs. A l'évidence, cela n'a pas eu l'effet escompté sur «ce citoyen» -qui continue de jeter ses déchets n'importe où et n'importe comment- ni sur les structures communales. «Nous avons beau éliminer les points noirs, ils reviennent tout le temps», déplorent les communaux en rappelant les opérations de dératisation et de désinsectisation qui n'empêchent pas la prolifération des rats et des maladies. Le premier responsable de la direction de l'hygiène et de l'assainissement reconnaît même que 70% du parc roulant de sa structure sont immobilisés alors que la cité doit être quotidiennement débarrassée des ordures ménagères oscillant entre 600 et 1 000 tonnes. A l'évidence, même s'ils doivent être renforcés, les moyens matériels et les ressources humaines existent. Il ne manque que la stratégie appropriée.