Après 13 années de présence en Afghanistan, la force de combat de l'Otan (Isaf) annonce son retrait définitif d'un pays toujours en proie à une situation sécuritaire explosive. Le 1er janvier prochain une nouvelle mission dite «Soutien résolu» prendra le relais, avec 12 500 hommes de la mission de combat de l'Isaf, dont le bilan reste mitigé. L'Afghanistan n'a jamais connu la stabilité avec une présence militaire particulièrement controversée. Les forces de sécurité afghanes, fortes d'environ 350 000 hommes, devraient assurer avec leurs moyens la sécurité dans un pays particulièrement déstructuré. L'Isaf avait engagé jusqu'à 130 000 soldats originaires d'une cinquantaine de pays en 2011, au plus fort de l'intervention de l'Otan. La cérémonie annonçant le retrait sera menée par le général américain John Campbell, commandant de l'Isaf, dans l'enceinte fortifiée du quartier général de la force à Kaboul. «Dans quelques jours, notre mission de combat en Afghanistan sera terminée», avait déclaré le président américain Barack Obama dans son discours de Noël. «Notre guerre la plus longue prendra fin de façon responsable», dira le président américain alors que la situation sécuritaire souligne l'échec patent de l'Otan dans cette région du monde. «Les 13 années de mission américaine et de l'Otan ont été un échec absolu en Afghanistan. La cérémonie d'aujourd'hui est leur échec», a d'ailleurs commenté le porte-parole des insurgés afghans qui répétera les conditions posées par les talibans pour toute négociation de paix. «Nous ne tiendrons pas de pourparlers de paix en présence de troupes de l'Otan en Afghanistan.» Depuis 2001, des milliards de dollars ont été dépensés en Afghanistan, mais avec une efficacité relative. En 2014, l'élection présidentielle afghane, qui devait montrer l'exemple d'un pays stabilisé avec une transition démocratique, a été marquée par des accusations de fraude et un flagrant face-à-face entre les deux principaux candidats. Ashraf Ghani l'a finalement emporté sur son rival Abdullah Abdullah, mais les deux hommes, qui devaient former un gouvernement d'union nationale, sont toujours en brouille trois mois après l'investiture du Président. De leur côté, les talibans profitent de ce vide de la scène politique pour peser sur l'évolution de la situation en cas d'éventuelles négociations avec le nouveau gouvernement. Mais le rapprochement entre gouvernement et talibans demeure compliqué. L'ancien président Hamid Karzaï (2001-2014) avait ouvert des discussions préliminaires sans résultats. En attendant, c'est la population afghane qui paye le lourd tribut d'un interventionnisme international qui est loin de servir les intérêts des locaux. Selon les Nations unies, les victimes civiles ont augmenté de 19% en 2014, avec 3 188 morts comptabilisés fin novembre. La police et l'armée afghanes ont subi de lourdes pertes avec plus de 4 600 morts au cours des dix premiers mois de 2014. M. B./Agences