Les plus malins des politologues, férus dans les théories sophistiquées de l'anticipation mondiale, n'auraient pas imaginé un seul instant, il y a à peine une semaine, que la France allait faire sortir dans ses rues presque 4 millions de ses citoyens, presque autant que les Français sortis défiler le jour de la Libération. Dans toutes les villes et principalement dans sa capitale pour affirmer les grands principes de la République, dénoncer la violence intégriste et avertir du péril sur les libertés fondamentales. Peut-être, l'un d'eux, fouinant avec des analystes châtiés du renseignent international, il est initié d'une ferme intention de Vladimir Poutine, par exemple, ligué corps et âme avec Pékin, de faire envoyer dans le pays du général de Gaulle une demi-douzaine de missiles balistiques à tête nucléaire, capables de causer la mort de centaines de milliers de personnes, sinon beaucoup plus, avec les dégâts de l'après déflagration dus à l'émission radioactive, et le risque qu'il répète les tirs, non seulement sur la France, mais ailleurs en Europe et dans le monde. Alors, ce super érudit de la politique internationale pourrait projeter un état d'esprit général de la population française après la catastrophe. Que les gens, en masses, quitteraient leurs maisons et aillent marcher dehors pour protester contre leur sort par la faute d'un «fou» contrarié par les puissances de l'Occident, et qui plus est, il est le chef de l'ancien empire soviétique, qui a perdu, dans le processus de «démocratisation» du monde, quatorze républiques, mais dont les forces militaires et stratégiques demeurent inébranlables, plus terribles que celles en présence dans le Vieux continent et aptes à contrecarrer et faire des catastrophes inimaginables, si jamais elles sont confrontées à la puissance équivalente au-delà de l'Océan atlantique. Autrement dit, le politologue illuminé aura imaginé le premier pas d'une troisième guerre mondiale exterminatrice. Du moment que tous les représentants de la gouvernance, politique, économique et financière, dans le monde riche, sans être invités, se retrouvent d'un même élan de solidarité et de soutien, à battre le talon dans la capitale européenne qui ait reçue le premier signal avertissant de la menace planétaire. Mais la réalité est tout autre – heureusement, mais pas pour tout le monde. Ce n'est même pas un pays, défini comme Etat souverain et membre de la plus grande organisation internationale au sein du Conseil restreint et permanent de sécurité, qui agresse ouvertement, comme dans le cas, dans les années quatre-vingt, où le Royaume-Uni et l'Argentine étaient entrés en conflit quasi martial pour la souveraineté sur les îles Malouines, dans les limites du cercle polaire antarctique, qui tente de contester par les armes les colonies françaises outre-mer. Ou une région importante donnée dans les territoires classiques, comme la Corse, la Bretagne ou le Pays basque, qui se rebelle véhémentement pour conquérir l'indépendance et créer le danger dans l'entité séculaire de la République. Et par ricochet essaimer le principe de l'autonomie et l'indépendance dans les pays de l'Europe et de la planète. Le charisme de la pègre Ou, enfin, de quelque espèce de secte de gauche extrémiste qui veut revenir aux fondamentaux léninistes. À travers lesquels le pouvoir doit être repris par les forces effectives de la production, c'est-à-dire les franges ouvrières, organisées contre tous les schémas d'économie politique prônant la libre entreprise, sous les auspices de laquelle se déterminent les valeurs des individus et des groupes, garanties en dernier ressort par la puissance de l'armée. Et l'un des groupes alors attaque et tue un organe de presse qui remet en cause les formules sacrées du marxisme orthodoxe. Non, ce qui s'est passé en France est un acte commis par des voyous, qui ont raté leur éducation et leur liaison saine avec la société. Et ils sont devenus dangereux pour autrui, car ils ont intériorisé le don de l'agressivité et la vertu de la violence. Qualifiés pour tuer dans un braquage de banque, dans un rapt, un viol, une bagarre à la suite d'un match de foot, ou comme ici, dans l'attaque d'un journal. Ils ont été anéantis par les unités françaises d'intervention et ils ne risqueront jamais de dire quoi que ce soit aux investigateurs de la justice, ni à la presse après avoir exterminé les journalistes d'un hebdomadaire satirique qui a à maintes reprises parodié sur l'islam, sur la chrétienté aussi, mais en même temps beaucoup sur les manières de gouverner en France ou ailleurs. Et le fait d'être tués – et la seule complice introuvable – est grandement profitable pour un vaste processus de rassemblement. Pris vivants après l'assaut, le suspense aurait été trop long pour mobiliser dans la rationalité évènementielle, d'autant que leur «culture», en admettant qu'ils parlent, en dehors du fait qu'ils disent être musulmans et qu'ils défendent les intérêts de l'islam, est par trop diluée dans la métaphysique de la survie qui anime la vie courante de la pègre. L'opinion mondiale verrait très mal débarquer dans la capitale de la culture universelle et des Droits de l'homme des hommes d'Etats de diverses nations prospères après des passages en boucle dans les canaux du monde de trois coupeurs de jarrets. On prendrait la France pour pas très digne de sa réputation de patrie de l'élégance. Et puis ce ne serait pas indiquer d'aller donner à comparer avec le charisme d'un Oussama Ben Laden, le «héros» du 11 Septembre. N. B.