Les activités au port d'Alger ont été quasiment bloquées hier par une grève des pilotes à l'appui de revendications syndicales, a appris l'APS auprès de la direction de l'Entreprise portuaire d'Alger (Epal). La grève des pilotes chargés du remorquage (des navires) «bloque les activités de déchargement et de chargement, ainsi que l'entrée au port des navires», a précisé Timizar Abderrahmane, chargé de la communication auprès de l'Epal. «Les pilotes de la direction remorquage demandent la destitution de leur délégué syndical», a ajouté M. Timizar, soulignant que «cette revendication est du ressort de l'union locale de l'Ugta, et non pas de l'Epal». A la suite de cette grève, «l'Epal est prise en otage, ses quelque 3 000 travailleurs sont donc à l'arrêt», a relevé M. Timizar, lequel a expliqué par ailleurs que «le déchargement de 8 navires à quai est bloqué». En outre, ce mouvement de protestation empêche également sept navires en rade d'entrer au port, a ajouté la même source. En réaction à ce mouvement de grève qui a paralysé les entrées et sorties de navires, une action en justice a été engagée hier par l'Epal contre les capitaines de remorqueurs. «L'Epal a engagé une action en justice pour traduire les grévistes devant le référé d'heure en heure pour mettre fin à la grève», a indiqué à l'APS M. Timizar. Par ailleurs, une seconde action en justice a été engagée par l'Epal. «Cette action (en justice) est engagée devant le tribunal pénal pour grève illégale ayant donné lieu à la prise d'otages de bateaux en entrée et sortie», a ajouté le chargé de la communication de l'entreprise portuaire d'Alger. Les quelque 3 000 travailleurs du port d'Alger risquent un arrêt de travail si les navires sont bloqués à l'entrée et la sortie par cette grève. Il est important de signaler que les pilotes maritimes du port d'Alger ne sont pas à leur première action de protestation, puisqu'un mouvement pareil a été observé en juin 2014, suite à l'échec des négociations avec la direction de l'Entreprise du port d'Alger qui refusait d'appliquer la réglementation en matière de rémunération. Indispensables pour toute manœuvre au sein des ports, ces pilotes se plaignaient de leur statut et de la faible rémunération qu'ils perçoivent. Le ministère des Transports avait ainsi adressé une note au directeur du port d'Alger dans laquelle il lui était explicitement demandé une revalorisation des salaires des pilotes maritimes. Une instruction qui était ignorée par le premier responsable du port. Ainsi, face à cette rupture totale de dialogue, le collectif des pilotes maritimes du port d'Alger avait interpellé le ministère des Transports afin que la situation soit rapidement rétablie. Consciente de ce que vivent les pilotes maritimes, la tutelle avait saisi en mai 2014 l'ensemble des directeurs des entreprises portuaires. La correspondance signée par le directeur de la marine marchande relevait : «Les pilotes maritimes en exercice auprès des entreprises portuaires sont insuffisamment pris en charge sur le plan socioprofessionnel. Cette situation inquiétante est due à l'absence d'une prise en charge effective par un statut particulier, une rémunération insuffisante, une disparité entre salaires.» Pour mettre un terme à cette véritable hémorragie, le directeur de la marine marchande préconisait «la revalorisation des salaires des pilotes maritimes et leur intéressement et la pleine satisfaction de leurs conditions de travail et de vie et leur dotation de l'ensemble des moyens de travail et de vie afin de créer un environnement de travail adéquat». Il importe aussi de préciser que pour pénétrer dans l'espace navigable du port, tout navire doit être commandé par un pilote maritime. B. A./APS