Le Yémen est depuis jeudi dernier sans gouvernement et sans Président, après la démission des deux chefs de l'exécutif sous la pression des Houthis qui contrôlent la capitale Sanaa. La situation devient carrément intenable et menace le peu de stabilité qui reste. Le Parlement, qui doit se prononcer sur la démission du président Abdrabbou Mansour Hadi, ne peut toujours pas se réunir et reste dans l'expectative. La situation dans la capitale Sanaa est telle que toute activité politique est bloquée. Les Houthis qui ont pris mardi le palais présidentiel, encerclent toujours le siège du Parlement ainsi que les résidences de hauts responsables, dont celle du ministre de la Défense et du chef des services de renseignement. Les Houthis ont appelé leurs partisans à manifester pour marquer leur «soutien aux mesures révolutionnaires» imposées par leur mouvement. Dans sa lettre de démission le président Hadi a justifié son départ en raison de «l'impasse totale» dans laquelle se trouve le pays. Sa décision est arrivée juste après la démission de son Premier ministre, Khaled Bahah, compliquant une situation déjà inextricable. Le Premier ministre démissionnaire voulait semble-t-il se démarquer du président Hadi, dont il conteste les «concessions» faites aux houthis. Le président Hadi, un allié des Etats-Unis et leurs politiques d'attaques par les drones sur le territoire yéménite, était dans la ligne de mire des houthis. Ces derniers l'accusent également de «couvrir la corruption» particulièrement endémique dans les rouages de l'Etat. Le Yémen est également connu comme étant «la base» d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique que Washington dit combattre. Les Houthis, entrés le 21 septembre à Sanaa avant d'en prendre quasi-totalement le contrôle ces derniers jours, ont commenté ces démissions avec distance et circonspection. «La Constitution stipule que la démission du Président doit être approuvée par la majorité absolue du Parlement... par conséquent, la démission est encore en attente.» Le temps est justement devenu la seule donne disponible au Yémen. Les Houthis détiennent toujours le directeur de cabinet de Hadi, enlevé il y a une semaine malgré leur promesse de le libérer au terme d'un accord conclu mercredi avec le président démissionnaire. C'est que le pays reste comme bloqué et le vide à la tête ne fait qu'exacerber cette situation. Quatre provinces du sud du Yémen ont décidé de refuser les directives des Houthis aux unités militaires locales, et de n'obéir qu'à des hommes fidèles à Hadi. Le Yémen se retrouve ainsi au bord de l'explosion tant la situation menace l'effondrement total de l'Etat. Un glissement que le pays a déjà connu avec plusieurs guerres entre le nord et le sud. M. B./Agences