La tension reste vive dans la capitale yéménite Sanaa au lendemain de sanglants combats entre la garde présidentielle et les Houthis, la puissante milice d'obédience chiite qui cherche à s'imposer dans un pays tiraillé entre différentes parties en conflit. Signe de cette tension, la résidence du Premier ministre Khaled Bahah reste encerclée après que son convoi eut essuyé des tirs, alors que de violents combats faisaient rage autour du palais présidentiel, situé dans le sud de Sanaa. Les combats ont cessé depuis lundi avec l'entrée en vigueur d'une trêve. Mais cette trêve reste extrêmement fragile et pourrait éclater. Le Yémen n'en finit pas de s'égarer dans la dangereuse spirale. Le Président en exercice, Abdrabbou Mansour Hadi, tente de consulter les forces politiques en présence dans le but d'établir «une feuille de route pour mettre fin aux violences». Les combats ont fait au moins neuf morts et 67 blessés, et forcé plusieurs ambassades occidentales à fermer leurs portes. Cette dernière vague de violences, la plus grave depuis quatre mois à Sanaa, est venue après le refus des Houthis, d'accepter un projet de Constitution. Les Houthis qui n'ont cessé de monter en puissance depuis leur entrée à Sanaa le 21 septembre, semblent bénéficier du soutien de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui garde toujours une forte influence et des réseaux soigneusement tissés durant sa longue présidence. Les affrontements ont éclaté deux jours après l'enlèvement d'Ahmed Awad ben Moubarak, chef de cabinet du président Hadi et l'un des architectes du projet de Constitution qui prévoit un Etat fédéral avec six régions. Ainsi les espoirs suscités par l'ouverture d'un dialogue destiné à sortir le Yémen de la crise aiguë qui l'agrippe sont ténus. Après le contrôle de Sanaa par les miliciens houthis, le président Abdrabbou Mansour Hadi a promis de «rétablir l'autorité de l'Etat». Mais ses appels au rétablissement de la paix ne semblent pas pour l'heure entendus et chaque partie s'en tient à ses exigences. Un accord signé le 21 septembre sous l'égide de l'ONU et prévoyant le retrait des Houthis de Sanaa et la formation d'un nouveau gouvernement a certes abouti, après de longues semaines, à la nomination d'un cabinet. Cependant les Houthis l'ont immédiatement dénoncé refusant de quitter Sanaa. Les participants au dialogue national se sont convenus sur le principe d'un Etat fédéral de six régions. Mais ce découpage semble ne pas agréer les Houthis et les autonomistes sudistes. Les sudistes veulent plutôt un Etat fédéral formé de deux provinces à l'image de la configuration des deux Yémen avant leur unification en 1990. Les Houthis accusent le plan de préconiser un découpage du Yémen entre régions riches et pauvres. Pour certains observateurs c'est une ouverture maritime qui pose problème, les Houthis voulant avoir un accès stratégique sur la mer Rouge. M. B./Agences