C'est un Forum économique mondial bien particulier qui s'est ouvert hier dans son traditionnel fief à Davos. Loin, bien loin du faste des années précédentes et des célébrations en grande pompe au gré d'une économie mondiale bien portante dans les pays développés et source de satisfecit et réjouissances, le traditionnel rendez-vous de la petite ville dans l'est de la Suisse accueille les dirigeants de la planète et des élites économiques dans une atmosphère de morosité et de déprime qui rompt douloureusement avec l'euphorie d'il y a une année à peine lorsque des grands patrons d'entreprises, des chefs d'Etat, des Premiers ministres et autres hauts responsables s'étaient encore retrouvés avec des émotions volant à hauteur des 1 500 mètres de la plus élevée des villes européennes. Signe des temps qui changent rapidement et qui remettent en cause les plus crédibles des prévisions, 2009 commence comme s'était achevée 2008. Pis, la crise étant bien installée en ce début d'année, l'ambiance à Davos redescend à très basse altitude de la déprime financière et de l'insoutenable angoisse économique, invitant son mode de cinq jours à l'incommodante promenade dans le champ lexical en vogue, entre perte de confiance des ménages, baisses et réduction de production, fermetures d'usines, licenciements ou encore ajournement de projets qui ne feraient que commencer au vu des sombres prévisions pour l'année 2009, et au-delà. Rendez-vous annuel du libéralisme économique, le Forum économique mondial est rattrapé, à son tour, par le retour de l'Etat protectionniste, venu à la rescousse de banques emportées en masse par l'ouragan subprimes. Du boulot donc, énormément de boulot et de gymnastique des méninges pour imaginer et faire croire à une possible sortie de crise. Une crise qui ne fait plus de différence de pays et de continents, embarque tout le monde vers les eaux troubles et dangereuses de la récession. Y compris la Chine et l'Inde, deux pays qui émergeaient du lot des maudits il y a encore quelques mois et qui n'échappent plus au risque de la contamination d'une fièvre ayant fait de nombreuses victimes aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. La petite station de Davos abandonne donc sa réputation pour des jours meilleurs, ou moins sombres, et descend regarder une économie qui n'est plus belle à voir comme lorsqu'on la regardait d'en haut. L. I.