Ils sont venus, ils sont tous là, par l'odeur... alléchés, sommes nous tenus par honnêteté professionnelle de souligner compte tenu du profil cour des miracles, voire de miraculés, donné par les représentants du mouvement associatif présents, en début d'après-midi de samedi dernier au Cnfps de Constantine, sur invitation du commissariat général de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» (Ccca-2015). Cour des miracles, le qualificatif est superbement imagé par une personne qui se tenait à côté de nous et dont la répartie résumait à souhait une allégorie digne du Radeau de la méduse de Géricault. «C'est formidable, je n'aurais jamais imaginé à quel point je serai heureux de revoir certaines figures que je n'ai pas vu depuis près de quinze ans. Pour certains, j'étais persuadé qu'elles n'étaient plus de ce monde», dira-t-il. C'est dire l'opportunité qu'offre l'international évènement à tous ceux qui espèrent en tirer des dividendes en se rappelant au bon souvenir des organisateurs. À la tribune, le commissaire général de Ccca-2015, aux côtés duquel se trouvait la responsable de la communication, le directeur général de l'Office national de la culture et de l'information (Onci), le porte-parole de la direction de wilaya de l'éducation et le directeur de la culture, s'évertuait à répondre à des questions sans relation apparente avec la manifestation, bénéficiant a contrario de beaucoup de suggestions d'intervenants qui voulaient évidemment s'insérer dans «l'aventure» avant que quelques autres audacieux ne commencent à poser les questions qui gênent, notamment sur les tenants et aboutissants de la prise de langue décidée sur le tard avec les représentants du mouvement associatif local, n'hésitant pas à évacuer du revers de la main sa démarche la considérant plutôt suspecte et tendancieuse. Ces réactions, au demeurant logiques, allaient toutefois donner du «courage» à d'autres personnes, lesquelles toutefois ont fait le choix de l'invective et de la dénonciation. Quoiqu'il en soit, à mesure que les délais d'ouverture de l'année de la culture se rapprochent, la panique semble gagner l'organisation, installer une effective anarchie dans laquelle il est pour le moins ardu de savoir qui est qui et qui fait quoi. De nouvelles têtes apparaissent dans le décor, d'autres s'en vont sans laisser se multiplier rumeurs et spéculations sur leur départ. Dans ce capharnaüm, le commissaire général semble perdu, ce qui ne l'empêche pas d'essayer d'entretenir des équilibres forcés avec tous les acteurs qui gravitent autour de lui. Au cours de la rencontre de samedi dernier, il a encore une fois tenu à rappeler que «Constantine, capitale de la culture arabe 2015 a vu défiler deux commissaires généraux» avant lui, ajoutant «que rien ne dit qu'il n'y en aura pas un quatrième». C'est dire l'ambiance et surtout la confiance qui règne dans la préparation d'un évènement qui n'arrête pas de faire courir du monde. Preuve en est aisément fournie avec une appréciable proportion de représentants du mouvement associatif littéralement tirés de la naphtaline et, pour certains, au passé très peu glorieux dont des antécédents judiciaires ont défrayé la chronique. Ces derniers sachant pertinemment que la nature a horreur du vide, n'hésitant pas en ce qui les concerne à tenter, vaille que vaille, de s'y engouffrer. Les habitants beaucoup plus préoccupés par les désagréments qu'ils vivent quotidiennement du fait du chamboulement de la ville, accordent peu d'importance à la manifestation voire, pour la majorité d'entre eux, souhaiteraient d'ores et déjà se retrouver en milieu d'année 2016 pour oublier l'enfer vécu jusque-là. D'ailleurs, des représentants du mouvement associatif de la nouvelle ville Ali-Mendjli ont, de vive voix, fait état de l'ostracisme des 350 000 habitants (près du tiers de la population locale, Ndlr) qui ne seront en aucun cas associés à la méga-fête de 2015. Nous reviendrons prochainement sur les raisons de cet ostracisme effectif. A. L.