Un climat de tension règne à nouveau dans le secteur de l'éducation nationale. Le Cnapeste poursuit son mouvement de grève illimitée, entamée le 16 février dernier et les sept syndicats de la CSE (Coordination des syndicats de l'éducation), en l'occurrence le CLA, le Snapest, l'Unpef, le Snte, le Snapep, le Snapap et le Satef, viennent de décider d'un autre mouvement protestataire, après celui observé les 10 et 11 février dernier. Un communiqué rendu public hier par la CSE, fait état d'une reprise de la grève, le 9 mars prochain, pour une durée de trois jours renouvelables chaque semaine. Cela se produit au moment même où la ministre, Mme Nouria Benghebrit, déclare sa satisfaction du travail fait jusque-là avec les syndicats et affirme sa disponibilité à maintenir le dialogue jusqu'à la satisfaction totale de toutes les revendications, principalement celle de la révision du statut particulier. Elle avait toutefois conditionné cela par la signature d'une «charte d'éthique et de stabilité» devant garantir justement la stabilité de l'école et la cessation des mouvements de colère. La charte soumise aux syndicats, à la fin de la réunion tenue mercredi dernier, n'a pas été finalisée par la ministre qui a jugé plus judicieux de faire participer les syndicats à sa rédaction. Les syndicats associés à la rédaction du texte, s'engageant officiellement à observer une trêve que la ministre qualifie de temporaire pour le bien des élèves, dit-elle, car ces derniers ne méritent pas d'être privés d'une scolarité normale. Les syndicats ont simplement rejeté cette condition, faisant comprendre à la ministre qu'il est hors de question pour eux qu'ils renoncent à leur droit de faire grève. Un droit absolu, reconnu par la Constitution algérienne. Voilà qui remet en cause toute la bonne volonté de la ministre de régler les problèmes du secteur et surtout à faire décider les syndicats à renoncer, du moins mettre en mode veille leur recours systématique aux grèves. Si d'ici le 9 mars rien n'est fait pour débloquer la situation, car il s'agit désormais d'une vraie situation de blocage, huit syndicats parmi les plus puissants et les plus présents du secteur vont paralyser, à nouveau, un grand nombre d'établissements scolaires, à travers le pays, dans les trois paliers (primaire, moyen et secondaire). Et cela tombe avec la période des compositions du deuxième trimestre. Les représentants des organisations syndicales voient en la condition formulée par la ministre de leur faire signer une charte d'éthique et de stabilité, un chantage flagrant. Ils réagissent alors de même, chacun tenant l'autre par la main où il a le plus mal. Ainsi, rien ne change par rapport aux années précédentes, à l'époque des deux ministres Boubekeur Benbouzid et Abdelatif Baba Ahmed. Les syndicats ne sont pas faciles à gérer, surtout pas à amadouer et les responsables du secteur se retrouvent face à une agitation croissante. Pas seulement celle des syndicats mais aussi celle menaçante des élèves, des parents d'élèves et toute l'opinion publique. C'est une situation difficile. Une situation de blocage qui n'est pas la première et, comme toujours, ce sont les enfants qui en paient les frais. Toute une génération, pour ne pas dire plusieurs générations, à subir le chantage. C'est le mot employé par les élèves eux-mêmes. Des spécialistes des relations de travail recommandent aux pouvoirs publics, et dans ce cas précis le ministère de l'Education nationale, de faire appel à la commission nationale d'arbitrage pour mettre fin au conflit. Mettre fin surtout au blocage. K. M.