Le vieux ksar d'El-Menea, ou El Goléa, à 275 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa, classé patrimoine national en 1995, bénéficiera d'une étude pour un plan de protection et de restauration qui sera entamée incessamment, a annoncé, hier à l'APS, le directeur de la culture de la wilaya de Ghardaïa, Brahim Baba Addoun. L'objectif de ce plan de sauvegarde est de «parer à la décrépitude et à l'état de précarité très avancée que connait le ksar et à préserver le riche legs historique et culturel dont cette cité forteresse véhicule», dira M. Baba Addoun. Dotée d'une enveloppe de plus de 5 millions de dinars, l'étude en question permettra d'élaborer une stratégie de protection et de restauration des biens culturels existants à l'intérieur du ksar, le confortement des fortifications existantes ainsi que les voies d'accès à cet édifice historique surplombant la palmeraie d'El-Menea depuis plus de dix siècles. L'élaboration de ce plan devra faciliter la restauration et la revitalisation de ce ksar ancestral, composé de bâtisses en terre sèche, en pisé et en grès bleu, qui constitue le témoignage et l'archive vivante d'une histoire, de traditions séculaires et d'une civilisation particulière d'El-Menea, afin de l'intégrer dans la dynamique de développement socioéconomique de la région, a précisé le responsable du secteur de la culture de Ghardaïa. La forte dégradation du vieux ksar d'El-Menea a été accélérée, selon différentes sources, tant officielles que populaires, par des actes de vandalisme opérés par des habitants de la région pour récupérer les briques en roche de grés bleu de ses bâtisses. La décrépitude très avancée qu'a connue cet édifice historique a poussé plusieurs acteurs socioéconomiques à mettre l'accent sur la nécessité de mobiliser tous les efforts et les synergies, en vue de sauver les quelques édifices qui peuvent être sauvegardés, en particulier le palais de la princesse M'barka Bent El-Khass, les vestiges de la mosquée, les remparts et quelques habitations. Implanté à la croisée des pistes commerciales qui reliaient l'Afrique du Nord de l'époque médiévale à l'empire Songhaï subsaharien, sur une colline de 75 mètres d'altitude surplombant la palmeraie, le ksar d'El-Menea, dénommé Taourit (colline en tamazight), constitue une configuration urbaine témoignant des vestiges d'une civilisation citadine organisée dans la région et évoquée par les chroniques du sociologue Ibn-Khaldoun et de l'historien arabe El-Aichi. Pourvu d'une tour de forme pyramidale, le ksar d'El-Menea (ville-forteresse) comporte de nombreuses habitations troglodytiques et semi troglodytiques étroites, caractérisées par une architecture simple, truffée de niches et étagères ainsi que de petites ouvertures pour l'éclairage et l'aération. La configuration urbaine du ksar, fondé sur une colline surplombant le flanc Est de la palmeraie, avec une mosquée comme point focal autour duquel gravite une spirale descendante d'habitations creusées à même la roche calcaire, un puits collectif et des cavités de stockage de denrées alimentaires, constituent une curiosité pour de nombreux chercheurs, universitaires et touristes étrangers. De nombreuses associations prônent la réhabilitation de ce joyau, pour non seulement améliorer le cadre de vie des résidents d'El-Menea, mais aussi faire en sorte que ce ksar contribue au développement durable par sa destination prometteuse d'un tourisme culturel, qui constitue un segment promoteur de l'économie locale basé sur le tourisme, l'artisanat et l'agriculture. S. B./APS