Cette étude vise à parer à la décrépitude et à l'état de précarité très avancée du ksar et à préserver le riche legs historique et culturel que cette cité forteresse véhicule, a expliqué M. Brahim Baba Addoun, directeur de la culture de la wilaya de Ghardaïa. Dotée d'une enveloppe de plus de 5 millions de dinars, l'étude en question permettra d'élaborer une stratégie de protection et de restauration des biens culturels existants à l'intérieur du ksar, le confortement des fortifications existantes ainsi que les voies d'accès à cet édifice historique surplombant la palmeraie d'El Menea depuis plus de dix siècles, a-t-il fait savoir. Implanté à la croisée des pistes commerciales qui reliaient l'Afrique du Nord de l'époque médiévale à l'empire Songhaï subsaharien, sur une colline de 75 mètres d'altitude surplombant la palmeraie, le ksar d'El Menea, qu'on appelle localement «Taourit» (colline en Tamazight), constitue une configuration urbaine témoignant des vestiges d'une civilisation citadine organisée dans la région et évoquée par les chroniques du sociologue Ibn-Khaldoun et de l'historien arabe El-Aichi (1862). Selon des historiens, ce vieux ksar, qui a connu de nombreuses appellations, Taourirt, Kalaâ et El-Goléa, a joué par le passé un rôle de refuge pour la population et de grenier pour leurs récoltes dans les moments difficiles. L'histoire de ce ksar reste, toutefois, sujette à controverses, puisque certains historiens la font remonter jusqu'au 4e siècle. La forte dégradation du vieux ksar d'El Menea a été accélérée, selon différentes sources, tant officielles que populaires, par des actes de vandalisme opérés par des habitants de la région pour récupérer les briques en roche de gré bleu de ses bâtisses. La décrépitude très avancée qu'a connue cet édifice historique a poussé plusieurs acteurs socioéconomiques à mettre l'accent sur la nécessité de mobiliser tous les efforts et les synergies, en vue de sauver les quelques édifices qui peuvent être sauvegardés, en particulier le palais de la princesse M'barka Bent El-Khass, les vestiges de la mosquée, les remparts et quelques habitations. Considéré comme un des points les plus visités par les touristes étrangers, les chercheurs et autres universitaires dans la région d'El Menea, l'idée de la réhabilitation de ce patrimoine vernaculaire et sa mise en valeur constitue, pour les responsables de la culture, une opportunité pour un développement durable, notamment dans le secteur touristique pourvoyeur d'emplois. Il est également un témoin sociologique et historique de la région, en reflétant les capacités créatrices de ses bâtisseurs à s'adapter à leur environnement, hostile caractérisé par un climat désertique, pour subvenir à leurs besoins. Dans ce sens, de nombreuses associations prônent la réhabilitation de ce joyau, pour non seulement améliorer le cadre de vie des résidents d'El Menea, mais aussi de faire en sorte que ce ksar contribue au développement durable par sa destination prometteuse d'un tourisme culturel qui constitue un segment promoteur de l'économie locale basée sur le tourisme, l'artisanat et l'agriculture. W. S. M.