Nasser Hannachi Constantine ne dispose pas de grande bleue. Il a cependant son Rhumel gorgé d'histoire des civilisations qui l'ont franchit. Si l'équipe de Thalassa sur le littoral algérien y était passée, elle aurait reconverti son émission, fut-ce pour un petit clin d'œil, en une invitation à visiter ce joyau. Les traits et vestiges inestimables que recèle la cité antique sont mal appréhendés et mal présentés par les acteurs du secteur. La manifestation «Constantine, Capitale de la culture arabe 2015» (Ccca-2015) qui débutera dans une semaine pourrait mettre au-devant de la scène tout ce que cette ville a pratiquement enseveli faute d'un intérêt pour le patrimoine, cette plus-value touristique. Le 16 avril approche à grandes enjambées. Le mois du patrimoine sera amorcé le 18 avril pour faire valoir les acquis de la cité millénaire. Mais la particularité de cette année reste sans conteste le démarrage de la méga manifestation, qui sera le baromètre pour jauger les réels attraits de Cirta, avec toute sa richesse patrimoniale ancestrale, et ses capacités à drainer les touristes qui visiteront cette cité ancienne où diverses civilisations aux spécificités culturelles distinctes sont passées. Thalassa diffusée sur France 3 a présenté le littoral algérien d'Est en Ouest, mais il reste une question pendante sur l'investissement dans le domaine touristique. Une question qui est posée avec acuité en Algérie par l'ensemble des gestionnaires depuis déjà plusieurs années. Elle ne concerne pas seulement les villes côtières, mais également des contrées de l'Algérie profonde qui dispose de vestiges différents. Pour la capitale de l'Est, la course contre la montre a été engagée il y a plusieurs mois. Du patrimoine matériel et immatériel on en parle à profusion. Médina (Souika), tombeau de Massinissa, site archéologique de Tiddis, rues et ruelles, escaliers, zaouias, mosquées, places, musique savante, littérature,... Une furia patrimoniale s'est emparée de la ville depuis que celle-ci a été désignée par l'Alesco pour accueillir la grande manifestation culturelle arabe avec en sus quelques invités venant de l'Occident. De grands chantiers ont été lancés : l'hôtel Marriott, la salle Zenith, la réhabilitation des palais et maisons de la culture... mais qu'en est-il du patrimoine ? Plus de 74 projets sont inscrits. Mais Une question lancinante irrite les responsables, notamment quand on évoque la vieille ville dont les opérations de restauration perdurent. Invoquant la nécessité de travailler dans des conditions délicates, en raison de la nature des travaux à entreprendre ainsi que la présence de riverains et de propriétaires des maisons, les chefs de projets rassurent cependant que les chantiers ouverts seront achevés au cours de l'année 2015, ce qui permettra, selon eux, à la population, aux élèves, étudiants et invités de voir in situ la délicatesse des opérations de restauration. C'est une seconde chance de réhabiliter la médina, après qu'elle ait subi le poids des ans et de la bêtise humaine qui faisait fi de sa valeur patrimoniale. Beaucoup de plans ont été avancés pour la vieille ville. Mais ils sont restés lettre morte et n'ont pas été traduits sur le terrain. Aujourd'hui, après les nombreuses détériorations, il faut passer par des reconstitutions à l'identique qui prennent du temps. Mais l'espoir de voir la médina revivre est permis dès lors que le budget pour sa restauration est alloué et que les bureaux d'études sont désignés. «Il ne reste qu'à mettre en place un suivi rigoureux pour éviter les bâclages...», déclare un urbaniste. Recommandation qui a sa raison d'être étant donné les opérations antérieures lancées et qui ont laissé un goût d'inachevé après avoir ingurgité des millions de dinars. On ne badine pas avec les vestiges historiques ni avec l'identité, alertent des membres d'associations culturelles. L'autre faiblesse relève de l'indifférence presque totale du mouvement associatif pour la promotion du tourisme culturel qui, pourtant, a un potentiel avéré, devant se renforcer avec les différentes réhabilitations engagées. Mais il faut relever que les nouvelles réalisations ont pris le dessus sur le patrimoine ancestral. La majorité des projets est allée aux nouvelles réalisations, éclipsant un peu les atouts patrimoniaux de la ville qui peuvent concourir à la naissance d'un tourisme culturel. N. H.