L'Algérie vise à réduire sa facture d'importations qui a augmenté d'une manière fulgurante à près de 60 milliards de dollars en 2014. Et pour ce faire, en plus du lancement d'une campagne de sensibilisation et de promotion du produit national pour «consommer algérien», d'une semaine, il a été décidé de relancer le crédit à la consommation. Un décret exécutif a été promulgué dans ce sens et qui a pour objet de définir les conditions et les modalités d'octroi de crédit à la consommation aux particuliers destiné aux biens et services, dans le cadre de la relance de l'activité économique. Expliquant les modalités de mise en application de ce décret, le directeur de la réglementation et des affaires juridiques auprès du ministère du Commerce, El Hadi Bakir, a indiqué, cité par l'APS, que «les prêts bancaires, accordés dans le cadre du crédit à la consommation, pourront financer la totalité du prix du produit national acheté par l'emprunteur et seront assortis de taux d'intérêt non bonifiés». «Aucune quotité finançable n'a été retenue, et ce afin de permettre aux institutions bancaires une totale liberté dans l'octroi du prêt qui peut atteindre les 100%», a encore souligné ce responsable, ajoutant que les banques vont mettre en place des instruments leur permettant de vérifier si l'emprunteur dispose de suffisamment de capacités de remboursement du crédit demandé et cela afin de s'assurer de la solvabilité du consommateur-emprunteur. Rappelons que selon les articles du décret portant crédit à la consommation, il est indiqué que le montant mensuel global de remboursement du crédit contracté par l'emprunteur ne peut en aucun cas dépasser 30% des revenus mensuels nets régulièrement perçus, et ce afin d'éviter le surendettement. Il est également souligné dans les dispositions du décret que les revenus de l'emprunteur devront assurer le remboursement du crédit, dont la durée est supérieure à trois mois et n'excède pas les soixante mois. Interrogé sur les taux d'intérêt qui seront appliqués à ces crédits dédiés exclusivement aux produits nationaux, le même responsable fait savoir qu'ils seront fixés par les banques selon la réglementation en vigueur. «Ce sont des crédits libres. Par conséquent, ils ne bénéficieront pas d'une bonification particulière de l'Etat», a expliqué M. Bakir. S'agissant des produits éligibles au crédit à la consommation, M. Bakir a rappelé que tous les produits fabriqués ou assemblés en Algérie sont concernés par cette nouvelle disposition. Sur ce point, il fait savoir que l'exigence d'un taux d'intégration précis, pour définir les produits concernés par le crédit à la consommation, a été supprimée. Il est seulement stipulé que les entreprises éligibles au crédit à la consommation sont celles qui exercent une activité de production ou de service sur le territoire national, et qui produisent ou assemblent des biens destinés à la vente aux particuliers et qui vendent avec factures. «Nous avons ouvert le champ à toutes les entreprises productrices en Algérie afin de ne pas affaiblir le dispositif et aussi pour encourager les industries naissantes et relancer la production nationale», a soutenu le responsable du ministère du Commerce précisant cependant que des taux d'intégration pourraient être fixés, plus tard, pour certains produits. «Au besoin, si nous identifions un produit qui nécessitera un taux d'intégration précis, il y aura un dispositif réglementaire qui sera défini par des arrêtés ministériels pour fixer le taux», selon M. Bakir. A rappeler que le gouvernement a récemment avalisé le décret exécutif relatif au crédit à la consommation qui sera mis en œuvre dès sa publication au Journal Officiel «probablement avant juin prochain», comme l'a indiqué encore le représentant du ministère du Commerce. A la question de savoir si la Centrale des risques est prête pour accompagner le crédit à la consommation, et ce de par son rôle de s'assurer de la solvabilité de tout postulant au crédit afin de réduire, voire éliminer, tout risque d'impayé et de surendettement de l'emprunteur, M. Bakir a fait savoir que cette Centrale est juridiquement déjà créée. «Le travail a été fait par la Banque d'Algérie. Tout le dispositif est fin prêt pour le lancement du crédit à la consommation», a-t-il enfin assuré. H.Y./APS