Le leader contesté du mouvement pour le renouveau El Islah, Abdallah Djaballah, tiendra aujourd'hui une conférence de presse au siège national de cette formation politique, durant laquelle il est question de faire un exposé des résultats de la rencontre nationale des cadres du conseil consultatif (madjliss echoura) et des présidents des bureaux de wilaya, tenue samedi dernier à Alger. L'information peut paraître banale, à première vue, toutefois il convient de souligner qu'en réunissant les structures qui lui sont restées fidèles Djaballah, indépendamment de l'autre aile, dirigée par le secrétaire général Ahmed Benabdesslam, vient remettre sur le tapis un conflit de légitimité, qu'on croyait révolu à jamais. D'abord par un imbroglio juridico-politique, qui a tenu en haleine durant près de quatre années, au cours desquelles cette affaire introduite en justice par un groupe de redresseurs, conduit par l'ancien président du conseil consultatif, secondé par celui qui fut l'un des candidats au nom du parti aux élections présidentielles de 2009, en l'occurrence Djahid Younsi. Mais les débâcles successives du parti, lors des législatives qui l'ont réduit, de troisième force politique avec plus d'une cinquantaine de députés à trois seulement, à figurer dans des rôles insignifiants sur l'échiquier politique, a fini par apporter de l'eau au moulin de l'ancien leader Djaballah, qui croit désormais en ses chances de revenir sur le devant de la scène, après en avoir été chassé à deux reprises de la présidence des deux partis, Enahda et El Islah. Pourtant, que d'actions n'a-t-il pas entrepris pour amorcer un tel retour ? Bien qu'ayant perdu la bataille judiciaire contre les dissidents, Abdallah Djaballah a prouvé qu'il n'était pas mort politiquement, non seulement à la faveur de quelques intrusions dans le débat politico-médiatique lors des échéances électorales, qu'il a d'ailleurs boycotté, mais aussi par des annonces épisodiques de retour à Ennahda. Cette idylle avec son premier parti n'aura pas duré longtemps. Ce qui était censé être la panacée pour Djaballah, pour revenir au parti de ses premières amours, devait se briser contre un mur infranchissable érigé par le trio de personnalités auteurs du coup d'Etat qui l'a évincé de cette formation et qui se retrouvent aujourd'hui à des postes de responsabilité de l'Etat, en tant que conseiller du président de la République, ambassadeur ou représentant de la Ligue arabe à Paris. Il est clair que selon des personnalités proches du mouvement islamiste, l'ex-leader contesté escomptait reprendre les rênes d'Ennahda grâce à un deal passé avec la direction actuelle d'Ennahda, notamment l'actuel secrétaire général Fateh Rebiai. Ce deal, révèlent certaines indiscrétions, serait motivé par des ambitions personnelles du premier responsable d'Ennahda, qui aspire profiter du charisme du «cheikh» pour décrocher un poste de député à l'horizon 2014. Cela profiterait bien sûr à Djaballah qui ambitionne de réunir autour de sa personne les militants anciens et actuels du parti, avant de l'étendre aux sympathisants du courant islamiste, dont ceux qui ont quitté la politique car déçus du non aboutissement du projet islamiste, et de tous ceux qui gravitent toujours autour des formations politiques en attendant un signal fort qui les arrimerait à l'une d'elles. C'est certainement conscient de l'échec de cette initiative que l'ancien fondateur des deux partis islamistes entend maintenant relancer les activités d'une partie d'anciens militants qui lui est demeurée fidèle. Va-t-on, pour autant, vers un parti parallèle ? A. R.