L'Arabie saoudite a annoncé que ses provinces du sud avaient été la cible de tirs d'obus depuis le nord du Yémen contrôlé par les Houthis, malgré l'entrée en vigueur de la trêve. Il s'agit du premier incident armé annoncé par Riyad depuis le début de la trêve des bombardements aériens qu'une coalition, sous commandement saoudien, mène depuis le 26 mars au Yémen. Depuis la fin mars, une dizaine de civils ont été tués dans le sud de l'Arabie saoudite par des tirs à partir du nord du Yémen, alors que 12 militaires ont péri dans des affrontements avec les Houthis à la frontière. Les membres du Conseil de sécurité ont pourtant demandé à tous les belligérants de respecter la trêve humanitaire, dans une déclaration adoptée par consensus. Dans cette déclaration, les 15 pays membres «expriment leur profonde inquiétude devant les graves conséquences humanitaires de la poursuite de la violence au Yémen». Ils demandent de «suspendre les opérations militaires de manière transparente et fiable» pendant cette trêve, et de «permettre l'entrée et la livraison des secours essentiels à la population civile, y compris la nourriture, les médicaments et le carburant». L'émissaire de l'ONU au Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, vient d'entamer une visite dans le pays dans le cadre d'efforts de bons offices qui pourraient déboucher sur une conférence de négociation pour trouver une solution politique. Ils invitent tous les protagonistes de la crise yéménite à participer à ces discussions sous l'égide de l'ONU «sans conditions préalables et de bonne foi». Cette conférence pourrait se tenir à Genève, après celle de Riyad, le 17 mai à l'invitation des pays du Golfe. Enfin, les pays membres rappellent aux belligérants leur obligation de respecter les lois internationales humanitaires et notamment de «prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages causés aux civils». L'aide humanitaire commence à arriver au Yémen à la faveur de la trêve, qui semble plus ou moins tenir après sept semaines de combats et de bombardements aériens de la coalition menée par l'Arabie saoudite. Un navire affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM) et chargé de carburant, qui a récemment accosté au port de Hodeïda sur la mer Rouge, a entamé la distribution de sa cargaison aux différentes provinces du Yémen. Un second navire affrété par le PAM a également commencé à décharger des vivres à Hodeïda. Le roi Salmane d'Arabie saoudite a, pour sa part, annoncé avoir doublé à 544 millions de dollars l'aide humanitaire de son pays au Yémen, en ouvrant à Riyad un centre de secours et d'actions humanitaires. Ce centre, qui porte son nom, a l'ambition de centraliser l'aide au Yémen, selon les autorités saoudiennes. De son côté, un haut gradé à Téhéran a mis en garde les Etats-Unis contre toute tentative d'empêcher un bateau iranien d'aide humanitaire d'atteindre le Yémen, après des déclarations du Pentagone pressant l'Iran de livrer sa cargaison via l'ONU. R. I.