Lors d'une conférence de presse, tenue hier au siège de son parti politique à Alger, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, a donné sa propre lecture du remaniement ministériel auquel le président de la République a procédé jeudi dernier. Pour la patronne du PT, le remaniement «reflète clairement les contradictions à répétition des décisions du gouvernement». Elle estime dans la même optique que ce remaniement aurait dû être effectué depuis le mois de janvier dernier. Commentant le fait que dans le changement opéré au sein du gouvernement cinq ministres ont quitté définitivement le gouvernement et six nouveaux noms ont fait leur entrée dans l'équipe de Abdelmalek Sellal, Mme Hanoune a déclaré qu'il y a une nouvelle dynamique à l'intérieur du gouvernement. Elle s'est montrée surprise du départ de certains ministres, à savoir le ministre des Ressources en eau, Necib Hocine, et le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, et pourtant, selon la même oratrice, «ces derniers géraient en toute transparence leurs secteurs (respectifs) qui comptent parmi les secteurs les plus sensibles». En ce qui concerne le départ de la ministre de la Culture, Mme Labidi, qui a été accusée par Mme Hanoune de «siphonage de l'argent public», cette dernière «mérite bel et bien de quitter son poste ministériel à cause de sa gestion archaïque et sa délinquance» et en particulier à cause de «son implication dans des conflits d'intérêt». «Il est désormais primordial de purifier le gouvernement de tous ceux qui ont siphonné l'argent public, et notamment de tous ceux qui sont impliqués dans des conflits d'intérêts et particulièrement dans des affaires de corruption», a-t-elle souligné. «Tous ceux qui ont des conflits d'intérêt doivent être virés du gouvernement. Le président de la République doit intervenir rapidement au risque de voir l'Etat s'effondrer», a-t-elle affirmé. Dans ce sens, Mme Hanoune à appelé le gouvernement à prendre des mesures strictes et dissuasives visant à lutter contre la fraude sous toutes ses formes, ajoutant dans le même ordre d'idées que le gouvernement doit être purifié dans l'immédiat de la mauvaise gestion de certains ministres qui n'œuvrent pas pour l'intérêt du peuple, mais qui œuvrent seulement pour leurs propres intérêts. En outre, la secrétaire générale du Parti des travailleurs est revenue encore une fois à la charge contre le président du FCE, Ali Haddad, traitant ce dernier de «président de l'oligarchie» et l'accusant «de vouloir forcer la main au gouvernement pour ouvrir l'espace aérien au privé», affirmant aussi que la privatisation des secteurs gangrène de jour en jour les institutions de l'Etat. Mme Hanoune indiquera par ailleurs que les entreprises étrangères veulent squatter l'Algérie. «Les dossiers de corruption règnent dans les différents secteurs d'activité, notre parti milite pour mettre en garde contre toutes les activités frauduleuses qui nuisent à la stabilité du pays. Il faut donc rompre le cordon ombilical entre les institutions de l'Etat et l'oligarchie», a-t-elle martelé. Enfin, Mme Hanoune n'a pas manqué de tirer aussi sur Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, qualifié de «félon». Selon Mme Hanoune, M. Boudiaf aurait octroyé un marché d'importation d'accélérateurs à un «entrepreneur qui intervient dans les travaux publics et qui n'a rien à voir avec la santé», allusion à Ali Haddad. «Nous exigeons une commission d'enquête», a-t-elle dit. Enfin, concernant l'affaire Khalifa, Mme Hanoune indiquera que cette dernière est entre les mains de la justice qui va trancher sur la question pour que justice soit faite. F. O.