La logique ayant présidé à ce changement est incompréhensible. La secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, a estimé hier lors de la réunion de son bureau politique que «le remaniement ministériel reflète les contradictions permanentes dans des politiques suivies et des décisions prises jusqu'ici». Les membres du gouvernement, sont casés par la première responsable du PT en «30% de ministres enfoncés dans des affaires de corruption, 70% intègres et probes, des ministres coupables de mauvaise gestion, ceux dont le bilan de l'exercice est non concluant, et enfin celui demandant le départ en raison de problème de santé à l'image du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales». A travers sa première lecture du dernier changement ministériel, elle souligne que «ceux qui servent les intérêts de l'oligarchie sont maintenus, tandis que des ministres avec des bilans positifs sont écartés». Alors de deux choses l'une: «Ou bien le ministre ayant obtenu de bons résultats doit rester ou alors le ministre qui a réalisé un bilan négatif doit partir», a-t-elle commenté. Or, dit-elle, «La logique ayant présidé à ce changement est incompréhensible». «Le grand point d'interrogation demeure entier, concernant ce remaniement», indique-t-elle. La pasionaria du PT y décèle même une étape supérieure franchie par l'oligarchie dans sa stratégie et sa montée fulgurante vers la prise du pouvoir, en sapant les fondements et la nature du régime: «Le ministre de l'Agriculture, Abdelwahab Nouri et le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi ont un point commun, celui d'avoir tenu tête au président du FCE», a-t-elle soutenu. «Le premier a voulu préserver des terres agricoles de l'envahissement du béton et le deuxième reste le seul département qui ne figure pas sur l'agenda de la tournée du président du FCE car alors le ministre avait conditionné sa rencontre avec le Forum à son élargissement à d'autres organisations patronales», estime-t-elle. D'autre part, Youcef Yousfi, fait-elle savoir «a été inflexible concernant l'investissement privé dans le secteur sensible de l'énergie, en conditionnant l'ouverture au privé par le respect strict du cahier des charges et d'un ensemble de normes et de critères». Mme Hanoune juge étonnante la mise à l'écart du ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, «connu pour ses compétences et son intégrité». Elle a affiché également son «étonnement» quant à la bipolarité de la diplomatie, divisée en deux entités à travers ce nouveau remaniement. Si elle refuse d'anticiper sur les conséquences du fait que deux ministres se partagent le portefeuille de la politique étrangère, en revanche elle n'a pas manqué de faire le lien entre cette configuration et la fermeté, le refus de toute ingérence dans les affaires de son département par M.Lamamra concernant, notamment la coopération internationale. Si cela se confirmera, «on aura alors atteint une situation plus dangereuse encore», a-t-elle prédit. Louisa Hanoune qui dit être étonnée par la réaction suscitée par le changement ministériel auprès de la population, note que peut-être qu'il comporte des messages qu'elle n'a pas encore décodés. Quoi qu'il en soit, il semble d'après Mme Hanoune que «la population a été réconciliée avec la lutte politique et le combat revendicatif et veut renouer avec l'espoir à travers cette victoire partielle contre l'oligarchie». Sur sa lancée, elle note que «le remaniement ministériel ne peut être que technocratique, car pour qu'il soit politique, le gouvernement doit émaner de la majorité parlementaire et d'un système parlementaire ou semi-présidentiel. Or, actuellement le système reste hyperprésidentiel». En outre, Mme Hanoune s'est interrogée sur l'entité ou l'organisme qui doit contrôler l'opération de déclaration de patrimoine pour concrétiser l'instruction de Abdelmalek Sellal adressée aux membres du gouvernement et aux principaux responsables de l'administration. S'agissant du dossier de la lutte contre des importations frauduleuses lancé par le gouvernement, elle espère que «la cible sera le gros poisson ou ceux qui bénéficient de couloirs verts aux ports et aéroports et non le menu fretin ou les petits importateurs de cabas». Concernant, l'instruction du ministre de la Justice, Tayeb Louh, relative à l'autosaisine de la justice, elle a appelé le parquet à s'autosaisir dans les cas de dévoiement avérés de la règle des 51/49% et la procédure du gré à gré devenue une règle dans les marchés publics. En évoquant la nouvelle loi sur la santé, elle indique que «la dernière mouture est différente de la première et de la deuxième mouture où si la gratuité des soins n'a pas été établie clairement, par contre, elle ouvre grandes les portes et à tous les niveaux au privé». Cela s'appelle, dit-elle «le siphonnage des fonds publics dans le cadre du partenariat public/privé». Par ailleurs, Mme Hanoune a qualifié l'empêchement par un agent d'une étudiante de passer son concours à cause de la longueur de sa jupe survenue récemment à la faculté de droit de Saïd Hamdine d'une dérive digne des années 1990. Ce fait, dont l'auteur a été soutenu au lieu d'être sanctionné, s'apparente aux tribunaux d'inquisition contre la vie privée dont l'inviolabilité est pourtant consacrée par la Constitution.