Le gouvernement libyen siégeant à Tobrouk semble mal en point après l'annonce du Premier ministre, Abdallah El-Theni, de son intention de démissionner. Cette sortie inattendue vient mettre une pression supplémentaire sur les pourparlers de paix entre factions rivales entamés à Genève. Mardi soir, El-Theni a annoncé son intention de démissionner lors d'une émission de télévision alors qu'il subissait les critiques des intervenants. «Si ma démission est la solution, alors je l'annonce ici», a déclaré le Premier ministre ajoutant qu'il la présenterait dimanche prochain au Parlement. Le porte-parole du gouvernement s'est empressé néanmoins de nuancer l'annonce du Premier ministre. «Il a dit durant l'interview que si les gens voulaient sa démission, alors ils l'auraient», a-t-il tenu à préciser. Lors de l'émission, El-Theni a enduré une série de critiques acerbes sur l'incapacité de son gouvernement d'assurer les services de base et un minimum de sécurité dans les zones sous son contrôle. El-Theni, qui avait échappé à une tentative d'assassinat en mai à Tobrouk, a été même directement accusé de corruption. La Libye reste en proie au chaos depuis l'intervention de l'Otan qui a provoqué la chute du régime de Kadhafi et de l'Etat libyen en 2011. Aujourd'hui le pays vit des combats sanglants entre groupes armés rivaux, deux gouvernements et Parlements qui se disputent le pouvoir, un désordre provoquant la montée grandissante du fameux groupe djihadiste Daech. Les membres du gouvernement d'El-Theni, ainsi que ceux du Parlement issu des dernières législatives, ont dû fuir vers l'est du pays après la prise, durant l'été 2014, de la capitale Tripoli par la coalition de milices Fajr Libya. Un gouvernement parallèle a été mis en place à Tripoli et le Parlement précédent (Congrès général national, CGN) y a été rétabli. Le 11 juillet, les représentants du Parlement de Tobrouk avaient paraphé au Maroc un accord «de paix et de réconciliation», mais cet accord péche par l'absence de la signature du CGN. Les représentants de ce dernier avaient argué que leurs demandes de modifications de l'accord n'avaient pas été satisfaites. L'émissaire de l'ONU en Libye, Bernardino Leon, mène depuis plusieurs mois des négociations pour rapprocher les parties dans le but d'arriver à un accord. Le nouveau round en cours à Genève pour tenter d'accoucher d'un accord global se fait en présence des représentants du CGN. Des efforts sont entrepris pour arriver à imposer l'idée de la formation d'un gouvernement d'unité nationale pour début septembre, avant l'Assemblée générale de l'ONU. Le CGN reste réfractaire au maintien du général Khalifa Haftar à la tête de l'armée. Ce qui devrait compliquer les négociations. Critiqué dans un premier temps par le gouvernement reconnu, Haftar a été finalement nommé chef de l'armée en mars. Aujourd'hui le représentant de l'ONU insiste sur l'importance de faire taire les armes dans les différentes régions de Libye en instaurant un dialogue entre les divers groupes armés. Il a appelé «tous les Libyens à des paroles constructives pendant ce processus» et à éviter «les agissements unilatéraux». M. B./Agences