Comme à la fin des années 1980, la chute des prix des hydrocarbures commence à susciter de vives inquiétudes au sein de la société algérienne, qui redoute de possibles retombées néfastes sur son train de vie. Toutefois, malgré la baisse des prix du pétrole et la politique de rationalisation des dépenses appliquée par les pouvoirs publics, certains secteurs ne seront pas touchés par cette mesure annoncée il y a déjà quelques mois. «Malgré la baisse des revenus pétroliers, l'Etat a maintenu tous les projets inscrits au programme du gouvernement. L'austérité ne touche pas mon secteur et le budget octroyé est maintenu pour la nouvelle année. Le programme destiné à la solidarité nationale sera entièrement respecté et concrétisé», a récemment fait savoir Mounia Meslem, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme dans une déclaration à la presse, lors de sa visite de travail et d'inspection dans la wilaya de Béjaïa. Le secteur des travaux publics lui aussi ne sera pas soumis aux mesures d'austérité. Les projets prévus dans le plan quinquennal 2015-2019 sont maintenus dans leur totalité, a assuré l'ex-ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi. Le président Bouteflika a été «clair», il a décidé de «ne pas toucher le programme», avait indiqué l'ex-ministre. Ce discours tranche avec les hésitations apparues au sein du gouvernement à la suite de l'effondrement des prix du pétrole, qui a perdu plus de la moitié de sa valeur. Les ex-ministres des Finances, Mohamed Djellab, et du Commerce, Amara Benyounès, étaient les premiers à faire état de possibles restrictions. L'ex-ministre des Travaux publics avait adopté un ton totalement différent. Le programme «est maintenu jusqu'à nouvel ordre, il n'y a pas à s'inquiéter», avait-il dit. Il avait cependant laissé entendre qu'une situation beaucoup plus difficile n'est pas exclue, ce qui l'avait amené à dire que «les programmes sont maintenus, sauf dans le cas d'un crash insurmontable», auquel cas «il faudrait revoir nos cartes». L'ancien ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, avait souligné, pour sa part, en janvier dernier à Béjaïa, qu'il n'y aura pas d'austérité dans le secteur des ressources en eau et que le plan quinquennal sera entièrement concrétisé malgré la baisse des revenus du pays. «Il n'y a aucune inquiétude à se faire, notamment pour les projets à dimension sociale», avait-il rassuré, soulignant que pour ce faire il sera procédé à une «gestion rationnelle et une plus grande modération de la dépense publique». L'ex-ministre, qui était en visite de travail dans la wilaya, avait indiqué, à ce titre, que «certains projets non prioritaires pourraient être différés. Globalement, l'ensemble du programme quinquennal sera concrétisé», avait-il affirmé, réitérant la volonté de l'Etat «de ne pas augmenter les tarifs de l'eau, malgré l'importance des investissements injectés ou prévus pour faire parvenir la ressource dans tous les foyers». De son côté, l'ex-ministre des Transports, Amar Ghoul, s'est voulu, d'abord, catégorique en déclarant que «le programme d'investissement public sera poursuivi». «C'est le choix de l'Etat et du gouvernement qui va continuer avec un programme de croissance et pas un programme d'austérité. Nous allons créer de la croissance, créer des emplois», affirmait-il. Mais, un peu plus loin, Ghoul avait atténué ses propres propos en expliquant qu'il y a, malgré tout, des priorités et une rationalisation des dépenses, comme si le terme austérité faisait quelque part peur. De même pour ce qui est de l'ouverture au privé du secteur de l'aviation, il s'était refusé à répondre disant qu'en l'état cela relève de la seule compétence et responsabilité du gouvernement. Enfin, signalons qu'en dépit de certaines restrictions induites par l'amenuisement des recettes pétrolières, le maintien des projets d'investissement publics demeure indispensable pour assurer un rythme régulier de création d'emplois et d'une croissance positive. Dans ce sens, une correspondance adressée par le Premier ministre au ministre des Finances aurait instruit de geler tous les projets dont les travaux n'ont pas été entamés ou n'ayant pas encore reçu d'ordre de service (ODS). Il aurait également demandé de geler les transferts des fonctionnaires d'une structure à une autre générant une incidence financière. Enfin, la même correspondance aurait demandé aux structures de la Fonction publique de geler toute acquisition de véhicule, et ce, jusqu'à l'élaboration de la loi de Finances de 2016. Y. S.