La secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a indiqué, hier lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti, que l'Etat n'autorisera pas l'ancien responsable de l'armée islamique du salut (AIS) Madani Mezrag, à créer son parti politique. «L'Etat n'autorisera pas Madani Mezrag à créer un parti politique dans la mesure où les lois sur la concorde civile, la réconciliation nationale et sur les partis politiques l'interdisent», a-t-il déclaré. M. Ouyahia a souligné, par ailleurs, que l'Etat n'a pas interdit aux cadres du parti dissout d'exercer leurs activités et de tenir des réunions, citant pour preuve les rencontres qu'organisent Madani Mezrag à Jijel depuis le début les années 2000. Il a rappelé, à ce titre, que les cadres du parti dissout ont été invités par la Présidence pour participer aux consultations menées autour de l'amendement de la Constitution, preuve que ces derniers n'ont pas été exclus de la scène politique nationale, à condition qu'ils respectent les lois de la République. M. Ouyahia a, d'autre part, affirmé que la dissolution du Groupe d'intervention spéciale (GIS), qui était affilié au Département du renseignement et de la sécurité (DRS), «n'aura pas d'impact sur la sécurité du pays. La sécurité du pays n'est pas menacée par la dissolution de ce corps. Il y a des milliers de régiments capables d'intervenir pour la sécurité du pays. Il y a des groupes spéciaux au sein de la police et de la gendarmerie qui sont capable d'intervenir», a-t-il dit. Le patron du RND a toutefois refusé de commenter l'affaire de l'arrestation du général Hassan, ancien chef des troupes antiterroristes du DRS. «Je ne peux pas faire un commentaire sur l'arrestation du général Hassan à qui je souhaite le bien. L'affaire est entre les mains de la justice», dira-t-il. Par contre, M. Ouyahia assurera que le Président «n'était pas en guerre contre le DRS». «Beaucoup de rumeurs et d'analyses se font autour des changements dans le corps du DRS. Des services sont placés sous l'égide du frère Gaïd Salah que je respecte et qui est très actif sur le terrain. Il n'y a pas de lecture à faire. Ce n'est pas une guerre menée par Bouteflika», a-t-il soutenu. Par rapport à la révision de la Constitution, le secrétaire général par intérim du RND a déclaré qu'elle se fera logiquement avant la fin de l'année, précisant que le projet était en phase de finalisation. M. Ouyahia a dit ignorer le mode d'adoption de la nouvelle Constitution, par référendum populaire ou par voie parlementaire. «Le projet appartient au Président», indiquera-t-il. Le patron du RND a fait savoir qu'il n'est pas contre le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, assurant qu'«il n'y a aucun conflit au sommet de l'Etat. Il y a un seul Président qui dirige et qui dispose de tous ses pouvoirs». En outre M. Ouyahia n'a pas manqué d'indiquer que «la réconciliation nationale ne sera ni élargie ni revue. Ce qui se dit sur ce dossier relève de la spéculation». Le patron du RND a également abordé lors de la conférence la difficile conjoncture économique que traverse le pays, conséquence de la chute des prix du pétrole, en se prononçant contre le recours à l'endettement extérieur. «On aura mal au cœur au cas où cette décision est prise», a-t-il avoué, estimant qu'«aucun pays n'a donné autant de facilitation aux investisseurs. Mais en Algérie, il y a la corruption et la bureaucratie». M. Ouyahia s'est également inscrit contre le retour du crédit à la consommation et que le gouvernement Sellal veut réintroduire. «C'est une solution facile», dira-t-il en mettant en garde contre «l'inaction du gouvernement». «On ira droit au mur si on ne revoit pas certains aspects et si on ne domine pas les importations», prévient-il en précisant encore une fois qu'il n'était pas contre M. Sellal. «L'Algérie dispose d'une marge de sécurité lui permettant de dépasser l'impact des effets de la crise économique induite par la chute des prix du pétrole sur le marché mondial. L'Algérie a une marge de sécurité et n'a pas besoin de recourir à un endettement extérieur», soutient-il. Il a fait savoir que la dette extérieure actuelle de l'Algérie n'est que de 400 millions de dollars, et ce, grâce au la «sage décision» du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de rembourser par anticipation la totalité de la dette extérieure du pays. Il a précisé que le chef de l'Etat a interdit le retour à l'endettement extérieur, affirmant que le peuple peut être «rassuré pour les trois ou quatre ans à venir dans la mesure le pays dispose de près de 160 milliards de dollars de réserves de change». A une question sur la diversification de l'économie algérienne, M. Ouyahia dira qu'elle est déjà diversifiée avec 30% pour les hydrocarbures, 10% pour l'agriculture, 5% pour l'investissement et 30% pour les services. Il a expliqué que l'Algérie qui n'exporte que les hydrocarbures, doit de ce fait «diversifier ses exportations». Le secrétaire général par intérim du RND a souligné en outre que l'Algérie demeure «l'un des rares pays qui encourage l'investissement et accorde des facilités aux opérateurs économiques», regrettant toutefois la persistance du «phénomène de la bureaucratie et de la corruption». Enfin, Ahmed Ouyahia, qui a plaidé pour la lutte contre l'économie informelle, a reconnu avoir commis des erreurs durant sa carrière politique. «Dans mon parcours politique et personnel, j'ai commis des erreurs. Mais je suis rentré blanc et sorti blanc», a-t-il conclu. F. O.