«Ouyahia a appelé tous les Algériens à s'impliquer pour dépasser cette crise» Très à l'aise, le secrétaire général du RND voulait, à travers sa sortie, transmettre des messages clairs à ceux qui prétendent que rien ne va plus au sein du pouvoir. Il a mis les choses au clair. Ahmed Ouyahia qui s'exprimait sous sa double casquette de secrétaire général du RND et de directeur de cabinet de la Présidence n'a rien laissé au hasard. Il a levé toute ambiguïté qui entoure les sujets d'actualité les plus sensibles. Lors de la conférence de presse qu'il animée hier au siège de son parti à Ben Aknoun, M.Ouyahia s'est prêté, durant deux heures de temps, au jeu des questions-réponses. Il n'a éludé aucun sujet d'ordre politique, économique ou social et même sécuritaire. Très à l'aise dans son costume, le secrétaire général du RND voulait, à travers sa sortie, transmettre des messages clairs à ceux qui prétendent que rien ne va plus au sein du pouvoir. Il a tenu de prime abord à démentir l'existence d'un différend entre lui et le Premier ministre Abdelmallek Sellal. «Je ne suis pas en conflit avec Sellal» «Certains pensent que je suis en conflit avec Sellal», a-t-il dit avant de rappeler, «je ne suis pas nouveau dans la politique». M.Ouyahia qui a eu à gérer trois fois le gouvernement, assure que ce n'est pas de ses habitudes de tirer sur autrui. «Je n'ai jamais critiqué l'action du gouvernement même quand j'étais chez moi», a-t-il certifié en s'en tenant aux principes de l'éthique. Le conférencier ne comprend pas comment on imagine qu'un responsable du cabinet de la Présidence puisse critiquer un Premier ministre. Le patron du RND n'a pas laissé l'ombre d'un doute sur son soutien à l'action du gouvernement et au programme du président en rejetant ces scénarios montés de toutes pièces. «Nous sommes partenaires dans le gouvernement avec six ministres du RND», a-t-il indiqué. Revenant sur la situation de crise, le conférencier a défendu bec et ongles le gouvernement. «La crise n'est pas la faute du système de gouvernance, a-t-il lâché en guise de réponse à l'opposition qui impute la responsabilité au gouvernement. M.Ouyahia trouve que l'opposition est dans son rôle de critiquer. Aiguisant ses propos, le directeur de cabinet de la Présidence avance que de nombreux pays sont frappés de plein fouet par la crise en citant entre autres l'Angola qui s'est endettée de 10 milliards de dollars et le Mexique qui a réduit ses budgets de 8 millions de dollars ainsi que la Russie et le Canada qui ont vu leurs revenus en chute. Il estime que procéder à l'introduction des taxes et à l'annulation de certains projets est tout à fait normal pour éviter le recours à l'endettement extérieur. Pour lui, l'Algérie possède encore quelques sous tout en plaidant pour une réduction des importations. «On ira droit au mur si on ne revoit pas certains aspects et si on ne diminue pas les importations», prévient-il en mettant en garde contre le recours à l'endettement. «Au RND, on aura mal au coeur au cas où cette décision est prise», a-t-il avoué. Le conférencier a estimé qu'«aucun pays n'a donné autant de facilitations aux investisseurs. Mais en Algérie, il y a la corruption et la bureaucratie.» M.Ouyahia juge que tout le monde doit s'impliquer pour dépasser cette crise en appelant les Algériens à retrousser davantage les manches. Ce dernier a plaidé aussi contre le retour du crédit à la consommation qu'il a interdit en 2009 et que le gouvernement Sellal veut réintroduire. «On aura un pincement au coeur. C'est une solution facile.» Par ailleurs, le directeur de cabinet de la Présidence est revenu sur plusieurs questions qui préoccupent l'opinion publique. «Pas de différend sur la Constitution» Le secrétaire général du RND Ahmed Ouyahia a déclaré que la révision de la Constitution se fera «logiquement et probablement avant la fin de l'année». Selon lui, le projet était «en phase de finalisation». M.Ouyahia a dit ignorer le mode d'adoption de la nouvelle Constitution, par référendum populaire ou par voie parlementaire. «Le projet appartient au président et lui seul peut décider de l'échéance de son adoption», a-t-il clarifié en précisant que personne ne détient la date de son annonce. L'orateur a balayé toutes les mauvaises lectures faisant état d'absence de consensus au sein du pouvoir autour de ce projet. «Il n'y a aucun conflit au sein du pouvoir autour de la Constitution», a martelé le chef du RND en précisant que si le président n'était pas tombé malade, le projet aurait été adopté en 2013. «Il y a un seul président qui décide», a-t-il dit: Affaire Mezrag Il a assuré que Madani Mezrag n'a pas l'intention de créer un parti politique. «L'Etat ne le laissera pas faire», a-t-il lancé en faisant savoir que ce dernier rencontrait depuis 2000 ses cadres de l'AIS à Jijel. Pour M.Ouyahia aucun ne permettra le retour aux années 1990 assurant que même les anciens de l'AIS ne l'accepteront pas. M.Ouyahia accuse certaines parties de vouloir créer la fitna en mobilisant les anciens de l'AIS, d'une part et les patriotes, d'autre part. Le DRS Revenant sur les changements opérés au sein du DRS, M.Ouyahia ne voit rien d'anormal. «Le Groupe d'intervention spéciale (GIS) a été dissous en 2015. Il a été créé en 1989 dans une conjoncture sécuritaire particulière. En 2015, l'Algérie a retrouvé la paix et la sécurité.» Il affirme que la dissolution du GIS (Groupe d'intervention spéciale du DRS) n'aura pas d'impact sur la sécurité du pays. «La sécurité du pays n'est pas menacée par la dissolution de ce corps. Il y a des milliers et des milliers de régiments capables d'intervenir pour la sécurité du pays. Il y a des groupes spéciaux à la police et à la gendarmerie qui sont capables d'intervenir», a-t-il assuré. Arrestation du général Hassan Le patron du RND a toutefois refusé de commenter l'affaire de l'arrestation du général Hassan, ancien chef des troupes antiterroristes du DRS. «Je ne peux pas faire un commentaire sur l'arrestation du général Hassan à qui je souhaite le bien. L'affaire est entre les mains de la justice», a-t-il dit. Ouyahia a cependant assuré que Bouteflika n'était pas en guerre contre le DRS. «Beaucoup de rumeurs et d'analyses se font autour des changements dans le corps du DRS. Des services sont placés sous l'égide du frère Gaïd Salah que je respecte et qui est très actif sur le terrain. Il n'y a pas de lecture à faire. Ce n'est pas une guerre menée par Bouteflika.» «Je n'ai pas commis un crime» Interpellé sur son initiative de constituer un front avec le FLN, TAJ et le MPA, le patron du RND a estimé qu' «il n'avait pas commis un crime en l'annonçant». Une initiative rejetée par le secrétaire général du FLN Amar Saâdani. «Saâdani a émis des réserves, il est libre. Mais il est important de savoir que nous menons le même combat avec le FLN», a-t-il fait savoir. «On n'a pas reculé sur cette initiative», a-t-il encore assuré, en se montrant ouvert au dialogue et à toute initiative. «Le FLN veut procéder autrement. Au RND on reste ouvert. On n'accorde pas beaucoup d'importance aux détails», a-t-il dit.