Pour assurer une meilleure transparence dans le commerce extérieur, et rationaliser les importations, le ministre a fait savoir que des licences d'importation seront instaurées par le gouvernement sur une quinzaine de produits phares pesant lourdement sur la balance des paiements. La licence, qui sera opérationnelle à partir du début de l'année 2016, va permettre de mieux organiser le commerce extérieur tout en assurant la transparence au niveau des mouvements de fonds servant aux importations. Grâce à cette réorganisation du commerce extérieur, il sera également possible de vérifier si les opérateurs ont réellement répercuté sur le marché national les prix des produits acquis à l'étranger. M. Belaïb a fait savoir que «l'instauration de cette licence n'est pas contraire aux principes de l'Organisation mondiale du commerce». Le ministre a ajouté que «les banques, les douanes, l'administration et les impôts assureront le suivi de ce dispositif». «La décision concernant les produits à soumettre aux licences se fera dans la transparence et à la lumière des concertations avec le patronat et les associations professionnelles», et «l'octroi des licences se fera dans une totale transparence» également, a-t-il affirmé. Concernant le crédit documentaire, le Credoc, le ministre n'a pas caché son opposition à cette formule de transaction instaurée par la LFC 2009. «Je suis contre ce mode de paiement qui ne sert pas mon pays [...], les opérateurs algériens se font arnaquer parce qu'ils payent une marchandise avant de la voir», argue-t-il. Le ministre estime également que «les transactions effectuées par certains opérateurs économiques donnent souvent lieu à une grande spéculation». M. Belaïb a affirmé que la fraude et l'évasion fiscale sont des phénomènes inquiétants. Citant quelques chiffres relatifs à ces délits économiques, il précise que durant le premier semestre de l'année 2015, les services de contrôles du ministère du Commerce ont établi plus de 24 000 constats d'infraction. Dans ce lot, on cite plus de 40 milliards de dinars de dissimulation de chiffre d'affaires et 24 000 tonnes de marchandises ne répondant pas aux normes bloquées aux frontières et plus d'une centaine d'importateurs indélicats sont poursuivis en justice suite à des actions de contrôle. Répondant à une question sur l'existence ou non d'un monopole sur le marché du sucre en Algérie, le ministre reconnaît qu'il y a effectivement un monopole sur ce produit. «C'est vrai, il existe un monopole sur le sucre dans notre pays, ce n'est un secret pour personne, ce n'est pas la faute à celui qui détient le monopole, mais c'est l'Etat qui est responsable de cette situation», dira-t-il. «80% du marché du sucre est entre les mains d'une seule personne qui a constitué des stocks qui permettent de couvrir le marché pendant deux années [...], cet opérateur a profité de la chute du prix du produit sur les marchés extérieurs pour se constituer un stock», indique le ministre qui relève aussi que quand les cours baissent sur le marché mondial, on ne répercute pas ces baisses sur le marché national. «C'est considérée comme une infraction, on va combattre juridiquement ce genre de situations», prévient-il, ajoutant toutefois que «quatre nouveaux producteurs de sucre feront leur entrée dans le marché prochainement», avec des perspectives réelles pour l'exportation. Revenant sur le sujet qui suscite le plus d'interrogations, craintes, supputations et rumeurs, à savoir les prix du pain et du lait, M. Belaïb réaffirme qu'ils n'augmenteront pas. «Ce sont des produits sensibles politiquement, personne ne peut s'aventurer à toucher les prix de ces produits.» Quant à la revendication des boulangers qui demandent une révision à la hausse le prix du pain, le ministre dira que des mécanismes permettant aux boulangers d'améliorer leurs revenus sans pour autant toucher au prix du pain sont à l'étude. A. K.