Le gouvernement s'apprête à relancer des crédits à la consommation mais destinés uniquement à la production nationale. Supprimée en 2009, en période de crise, cette formule de financement qui devrait contribuer à la relance de la consommation, a été réintroduite dans la loi de finances 2015, afin de répondre favorablement au désir de milliers d'Algériens et faciliter l'accès des consommateurs à certains produits manufacturés. Le gouvernement a fini ainsi par trouver la formule idoine. Offrir aux Algériens, la possibilité d'acheter de nouveaux produits et améliorer leurs pouvoirs d'achat mais sans impacter les équilibres financiers du pays ni provoquer un emballement des importations. Les pouvoirs publics ont également accordé une attention toute particulière aux risques de surendettement qui guettent souvent les consommateurs optant pour ce genre de financements. C'est ainsi qu'une Centrale des risques a été mise en place par la Banque d'Algérie en vue de prévoir toute situation d'insolvabilité des consommateurs. Opérationnelle depuis le 15 septembre, cette centrale sera intégrée dans le traitement des demandes de crédits, selon les explications d'un responsable à la Banque d'Algérie. Elle constitue une nouvelle base de données légale de gestion publique qui est accessible en ligne par les agences des banques et établissements financiers de la place ainsi que les succursales de la Banque d'Algérie. Cet outil assure aussi une gestion interbancaire des risques de crédits et intègre dans son système tous les prêts contractés et les données relatives à la clientèle y compris les défauts de paiement, avait expliqué le même responsable. Certes, cette centrale permettra de contrôler le flux des crédits mais les risques qui pèsent sur les banques demeurent toujours d'actualité. En ce sens que les banques seraient confrontées à des demandes de financement de plus en plus en croissance. Ce qui mettra à rude épreuve leur fonds en ces temps de disette. D'ailleurs, certaines voix sont même allées jusqu'à prévoir le recul du gouvernement sur sa démarche assurant que l'amuïssement des ressources financières du pays contraindraient les pouvoirs publics à solliciter l'apport des banques dans le financement des projets d'investissement publics. Ces dernières devraient ainsi faire des choix, voire limiter les fonds qui seraient accordés aux crédits à la consommation. Quoi qu'il en soit, la balle est maintenant dans le camp des banques, après la décision du gouvernement de lancer officiellement cette formule de financement en janvier prochain. Mais, il va sans dire que le «paiement par facilités» est une mesure essentielle pour la relance de la production et par ricochet la redynamisation du système économique. Car, l'erreur dans toute économie, en temps de crise, est de freiner la consommation. Outre cette question d'orientation, le gouvernement devra aussi trancher la question du taux d'intégration ainsi que les taux d'intérêt des banques. Deux points qui restent, pour le moment, inconnus du grand public. Le ministère de l'Industrie avait annoncé la semaine dernière la finalisation du mode opératoire d'octroi de ces crédits. Mais, l'on ignore encore ce que décidera le gouvernement pour ces deux questions. Les détails communiqués restent limités aux détails contenus dans le décret exécutif 15-114 du 12 mai 2015 relatif aux conditions et aux modalités d'offres en matière de crédit à la consommation. Le texte précise que l'octroi du crédit à la consommation est réservé exclusivement aux nationaux résidents. Le montant mensuel global de remboursement du crédit contracté par l'emprunteur ne peut, en aucun cas, dépasser 30% de ses revenus mensuels nets régulièrement perçus. La durée de ce crédit est supérieure à trois mois mais ne doit pas excéder les cinq années. Le texte stipule aussi que les banques vont mettre en place des instruments leur permettant de vérifier si l'emprunteur dispose suffisamment des capacités de remboursement du crédit demandé. Le ministère de l'Industrie qui a annoncé, par ailleurs, la finalisation du dispositif la semaine prochaine, pourrait communiquer plus de détails à l'occasion de la Foire de la production nationale qui se tiendra du 23 au 29 décembre 2015 à la Safex. Cette manifestation économique est perçue comme étant une occasion idéale pour la promotion du produit local confronté à d'innombrables défis. Il est attendu ainsi des pouvoirs publics d'intensifier les campagnes de sensibilisation en vue d'encourager le consommateur à se tourner vers la production locale. Il s'agit même d'une nécessité impérieuse à même de soutenir les entreprises productrices. Ces dernières sont également tenues de revoir leurs stratégies de manière à améliorer la qualité des produits, revoir certains comportements commerciaux qui sont souvent derrière la fuite du consommateur vers la production étrangère. S. B.