Les prix du pétrole continuaient hier sur leur lancée haussière en cours d'échanges européens, après un net rebond enregistré la veille sur fond de reprise des Bourses et d'achats techniques alors que le brut a perdu près de 30% depuis le début de l'année. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 30,86 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,61 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance prenait 1,35 dollar à 30,88 dollars. «Les prix du pétrole ont connu un rebond impressionnant qui a ramené à la fois le Brent et le WTI au-dessus des 30 dollars le baril», un seuil plancher en dessous duquel les deux contrats s'étaient installés depuis une semaine, notait un analyste. Un autre analyste estimait cependant qu'il n'y avait pas eu de réel catalyseur dans les fondamentaux de l'offre et de la demande permettant d'expliquer ce rebond. Les cours du Brent et du WTI, après avoir hésité sur le marché à suivre une bonne partie de la séance, ont franchement rebondi jeudi dans le sillage de la publication des derniers chiffres du département américain de l'Energie (DoE) sur les réserves américaines de brut, qui ont montré un fort déclin des stocks de produits distillés (-1 million de barils). Mais selon Fawad Razaqzada, analyste chez Forex, malgré ce rebond, les perspectives du marché pétrolier restaient baissières avec un baril évoluant autour de 30 dollars. Toutefois, le patron du géant pétrolier français Total, Patrick Pouyanné, pense qu'un rebond des prix du pétrole pourrait s'amorcer au deuxième semestre 2016, quand les marchés prendront en compte l'impact sur la production de la chute des cours. «A la deuxième moitié 2016, on va commencer à voir l'impact d'un prix bas sur la production, notamment la production américaine. Je pense qu'à ce moment là les marchés vont réagir», a déclaré le P-dg de Total sur la radio BFM Business en direct du Forum des leaders économiques de Davos (Suisse). «En 2016, je ne pense pas que l'on va rester bas. Normalement, il y aura quelques fondamentaux dans le marché, notamment côté offre, qui devraient inciter le marché à être plus raisonnable», a ajouté M. Pouyanné. Le même optimisme est affiché par le président de Saudi Aramco, la plus grande compagnie pétrolière du monde, selon qui les prix du pétrole devraient remonter d'ici à la fin de l'année, dans un marché pétrolier qui commencera inévitablement à se redresser. «Je pense que le marché est allé trop loin à la baisse et qu'il est inévitable qu'il commence à se redresser», a déclaré Khalid al-Falih, le président de la compagnie pétrolière nationale saoudienne lors d'un débat sur l'énergie organisé dans le cadre du Forum économique mondial de Davos. Les prix du pétrole ont perdu trois quarts de leur valeur depuis mi-2014 et évoluent actuellement sous la barre de 30 dollars le baril en raison d'une offre surabondante face à une demande manquant de vigueur, pénalisée notamment par le ralentissement économique de la Chine. Malgré cette faiblesse des cours et des dissensions internes, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui pompe environ un tiers du brut mondial, n'entend pas diminuer sa production, afin de défendre ses parts de marché face aux hydrocarbures de schiste américains. L'Arabie saoudite, membre le plus influent du cartel, a en effet les moyens de résister à cet environnent difficile pour les pays producteurs, a fait remarquer Khalid al-Falih. «Si les prix demeurent bas, nous serons capables de résister pendant très longtemps. Nous ne l'espérons pas, mais nous y sommes préparés», a-t-il dit, rappelant que son pays affichait les coûts de production les plus bas de la planète. B. A./Agences