Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA), réunis en sommet à Addis-Abeba, ont élu hier le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à la tête de l'organisation pour un an, en remplacement du président tanzanien Jakaya Kikwete. Le président libyen a été élu à la présidence en exercice de l'UA, essentiellement pour des questions d'équilibre politique entre les différentes régions africaines, puisque, suivant la règle de l'UA, la présidence revenait cette année à l'Afrique du Nord, après l'Afrique de l'Est. Et Mouammar Kadhafi était le seul dirigeant d'Afrique du Nord présent à Addis-Abeba. Cela fait suite au débat à huis clos pendant une dizaine d'heures, dimanche, des chefs d'Etat et leurs représentants sur le «gouvernement de l'Union» proposé par M. Kadhafi. Les dirigeants ont simplement convenu de changer la dénomination de la Commission, organe exécutif de l'UA, en l'appelant Autorité africaine, a rappelé M. Kikwete dans son discours, avant de souligner que cela ouvre la voie à «une institution avec un mandat plus fort, de plus fortes capacités, qui nous dirige vers l'objectif du gouvernement de l'Union». M. Kadhafi qui ne désespère pas pour autant de «de pousser l'Afrique en avant vers les Etats-unis d'Afrique», a affirmé la volonté «de continuer et d'insister pour que tous les Etats souverains deviennent les Etats unis d'Afrique». La deuxième journée de sommet, à laquelle a assisté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a été également l'occasion d'évoquer les crises actuelles qui minent le continent, comme en Somalie, au Darfour, en République démocratique du Congo, au Zimbabwe, ainsi qu'en Mauritanie et en Guinée après les récents coups d'Etat. A l'ouverture de ses travaux, dimanche, officiellement consacrés au développement des infrastructures, le 12e sommet de l'UA a débuté directement par une session à huis clos, sans cérémonie formelle d'ouverture. La vingtaine de chefs d'Etat de l'UA, sur les 53 Etats membres ayant fait le déplacement, ont décidé samedi de reporter au 20 février leur réunion consacrée à la crise en Mauritanie, prévue le 5 février, en vue d'éventuelles sanctions ciblées après le coup d'Etat du 6 août. Concernant le Zimbabwe et l'accord entre le régime du président Robert Mugabe et son principal opposant, Morgan Tsvangirai, en vue de la constitution d'un gouvernement d'union nationale, l'UA a demandé la levée des sanctions imposées par l'Europe et les Etats-Unis «afin d'améliorer la situation humanitaire». l'Union africaine (UA) a, toutefois, fait bloc derrière le président soudanais Omar El-Béchir sur le dossier de la Cour pénale internationale (CPI) lors de son 12e sommet ordinaire à Addis-Abeba, en se prononçant contre l'émission d'un mandat d'arrêt à son encontre. Réuni avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, le Conseil exécutif de l'UA, rassemblant les ministres des Affaires étrangères des 53 Etats membres, a adopté une «décision sur la demande par le procureur de la Cour pénale internationale d'un mandat d'arrêt» contre M. Béchir. Dans ce texte, soumis aux présidents, l'UA «exprime sa profonde préoccupation» devant cette demande du procureur Luis Moreno-Ocampo, qui a accusé en juillet M. Béchir de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'Humanité au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à une guerre civile. Réitérant son «engagement indéfectible à lutter contre l'impunité», l'UA estime néanmoins que «compte tenu du caractère délicat des processus de paix en cours au Soudan, l'approbation de cette requête risque de compromettre sérieusement les efforts en cours». Outre le cas soudanais, les dirigeants du continent ont le sentiment que seuls des Africains sont visés par la CPI. Jan Ping, étant convaincu, demande à ce que «la loi doit s'appliquer à tous et pas seulement aux faibles». «Qu'a-t-on fait à Ghaza en Irak, au Kosovo, au Sri Lanka ? [...] Ce que nous refusons c'est le deux poids deux mesures», a insisté M. Ping. Pour les Africains, selon lui, une solution serait effectivement de «juger nous-mêmes les criminels, c'est pourquoi nous avons décidé de mettre en place un panel de haut niveau pour nous y aider», un panel qui pourrait être dirigé par l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki. A. R.