A l'heure du laitier, hier, Cité Mahieddine, un quartier populeux sur les hauteurs de Belcourt, était investi par les éléments de la BMPJ et des BRI (Brigades de recherche et d'intervention) de la wilaya d'Alger. Opération coup de poing ? Avec les fléaux qui le ravagent, ce quartier construit dans l'urgence par les autorités coloniales dans les années 1950 a bien besoin d'interventions musclées des forces de l'ordre. Mais les premières vidéos de l'intervention diffusées dans la matinée renvoient plutôt des images brutes d'un ratissage minutieusement préparé couplé à une opération de recherche et d'arrestation de délinquants auteurs d'actes relevant de la criminalité. Elles sont vraiment effrayantes, ces images chocs de neutralisation de chiens d'attaque dressés par leurs possédants (des jeunes délinquants) pour terroriser leurs victimes et les dépouiller ensuite en toute tranquillité (sic). Des rottweilers, une race redoutable dont la possession est en principe soumise à autorisation, sont sanglés en un tour de main par des policiers visiblement bien entrainés. Des couteaux, des sabres de différentes catégories, mais aussi de la drogue et des psychotropes sont saisis, renseignant clairement sur les intentions et le «métier» des personnes sur lesquelles ils ont été trouvés. Tout le monde le sait, la violence sous ses deux formes, apparente et cachée, n'arrête pas de gagner en ampleur. Elle gangrène le tissu social et s'instille de plus en plus dans les milieux tant urbains que ruraux. Dans les campagnes, épisodiquement, c'est la guerre des «archs» qui se rallume, souvent pour des terrains de pacage et de parcours appartenant, juridiquement, à l'Etat. En milieu urbain, ou «rurbain» comme on dit par dérision, le phénomène des gangs et ses guerres pour le contrôle de territoires fait vivre l'enfer à des résidents qui se croyaient sécurisés dans leurs nouvelles habitations des cités construites à grands frais par l'Etat. On ne parlera pas, ici, des manifestations d'incivilités et des signes ostentatoires d'agressivité qui font partie du décor quotidien des Algériens. Ils sont trop banalisés et tant qu'ils ne se traduisent pas par des meurtres, la majorité des gens font semblant de ne rien voir. Mais ils n'en pensent pas moins. Dans le silence de ce ceux qui pensent que la meilleure façon de ne pas s'attirer les ennuis, c'est de ne pas les voir, ni eux ni leurs auteurs. Une question que nous nous posons tous : mais que font-ils ? «Ils», ce sont bien entendu les corps chargés de veiller sur la sécurité des personnes et des biens. Belle lapalissade, ils font ce qu'ils peuvent et ce n'est pas suffisant, car la violence, de palier en palier, s'affiche continûment dans son expansion et ses dégâts. Mais c'est une erreur de croire que gendarmerie et police ont l'exclusivité de la lutte contre la criminalité et la délinquance. Les autorités civiles, par leur laxisme et la facilité avec laquelle ils s'attellent à dévoyer leurs missions de service public sont en train d'offrir le mauvais exemple à suivre : passe droits, corruption, non-respect des lois…n'indiquent pas la bonne voie à suivre pour une jeunesse qui s'ennuie. A. S.