Le FMI estime que l'Algérie devrait réformer sa politique des subventions, qu'il qualifie d'ailleurs d'«antisociale», si elle veut résister au choc de la baisse des prix du pétrole. Une approche que partage de nombreux experts financiers nationaux s'appuyant sur le fait que l'Etat ne peut plus assurer le soutient direct et indirecte des prix à la consommation assez conséquent en raison du déficit budgétaire qui a presque doublé en 2015 par rapport à 2014. Du coup, on peut se demander si le gouvernement va pouvoir continuer d'envisager une réduction progressive des niveaux de subventionnel comme il en a décidé ainsi. La chute des recettes financières du pays qui perdure depuis une année qui n'est pas prête de s'estomper à cet effet et rendre mal à l'aise le gouvernement. Et partant, c'est son rôle social, très important depuis quelques années, par le biais des subventions et plus globalement des transferts sociaux, qu'il va devoir en partie abandonner c'est du moins ce qu'avaient annoncé de nombreux experts financiers. Une dure réalité à la quelle doit faire face les pouvoirs publics à moins de trouver un mécanisme qui ne puisse pas trop mettre à rude épreuve les ménages en difficulté financière. «Un tel dispositif qui aura pour but de cibler les catégories de personnes pouvant bénéficier des subventions», préconisent les experts. En d'autres termes : ne doivent bénéficier de subventions que les nécessiteux, et non pas comme ça été toujours le cas, l'ensemble des citoyens, sans distinction de leur pouvoir d'achat réel. «Si les subventions sont légitimes pour les couches sociales les plus défavorisées, elles sont injustifiées pour les catégories de la population les plus à l'aise financièrement», affirment, à juste titre, depuis de longue date des experts financiers. Ces spécialistes n'ont de cesse de souligner que les subventions à l'énergie, aux produits alimentaires, à l'eau…, et les soutiens aux familles à la santé, à l'éducation, etc., dont bénéficie l'ensemble de la population devraient cesser, dans la mesure où l'enveloppe allouée aux transferts sociaux de l'Etat a explosé ces dernières années. Dans cet ordre d'idées, des études menées par des économistes rapportent que les transferts sociaux budgétisés ont été multipliés par 7,5 entre 1999 et 2012, passant de 254 milliards de dinars à 1 863 milliards de dinars en 2012, soit 10% du PIB dont un quart consacré aux aides aux ménages. Les subventions aux prix du lait et des céréales représentaient 50% de ces aides aux ménages en 2014. Les aides aux ménages sont passées de 54 milliards de dinars à 424 milliards de dinars en 2012, soit une augmentation de 342%, selon les études. Cela sans compter les subventions implicites. Mais devant des réserves de change en diminution et un Fonds de régulation des recettes (FRR) en chute libre ces derniers mois, le gouvernement s'est retrouvé contraint à reconsidérer sa politique et revoir à la baisse le coût des subventions. C'était prévisible quand on constate que les réserves ont diminué de 35 milliards de dollars, terminant l'année 2015 à 143 milliards de dollars et que le FRR s'est vu puisé à hauteur de 80% sur les 10 premiers mois de l'année écoulée, n'accumulant que 255, 95 milliards de dinars. Ajoutons à ce descriptif que l'ensemble des transferts sociaux s'élevait en 2014 à 29% du PIB. Autant dire que la situation financière risque de devenir des plus critiques, à moins que les pouvoirs publics décident de mesures qui puissent épargner de douloureuses conséquences sur les plans économiques et sociaux du pays. Sur ce dernier point, nul doute que le gouvernement va devoir accélérer la diminution des subventions. Et non plus progressivement comme il en avait décidé auparavant. Pour l'heure, les carburants et l'électricité sont les seuls concernés, mais ils ne seront certainement pas les derniers. Les responsables du secteur de l'eau ont déjà laissé entendre que les prix iront inévitablement vers la hausse. Il pourrait en être également le cas pour les produits alimentaires de première nécessité. Dans cette perspective, le ministre des Finances s'est donné deux ans à partir de 2015 pour mener à bien ce processus qui pourrait creuser les inégalités et faire basculer beaucoup de familles dans la pauvreté s'il n'était pas accompagné d'un autre type de soutien plus direct et ciblé en vers les couches de la société les plus vulnérables. Toujours est-il, le gouvernement est appelé à prendre les décisions qui s'imposent : celles de s'orienter au plus vite vers une vérité des prix. Cela devient d'autant plus inévitable quand on sait que les recettes extérieures du pays vont encore rester en chute libre. Devant un tel scénario, la seule alternative qui nous soit offerte aux décideurs est d'agir sans atermoiements sur les dépenses et pour lesquels gouvernement et citoyen doivent chacun de leur côté s'y atteler. A ce titre, la lutte qu'il faut mener contre la débauche dépensière qui s'est installée pour des raisons connues doit commencer par, évidemment, la réduction des dépenses notamment celles qui sont superflues et d'autres qui sont compressibles. C'est le cas du pain et des dérivés de la semoule. En effet, le paradoxe de leur accessibilité en a fait les contenus habituels des poubelles. Les pics de ce gaspillage généralisé sont particulièrement observés durant le mois de piété qui est supposé être le Ramadan durant lequel, selon des études, des millions de baguettes de pain sont jetées. Pour la première semaine de jeûne de l'année dernière, plus de 50 000 000 de baguettes de pains ont finies dans les poubelles. Et comme l'Etat ne dispose plus aujourd'hui des moyens de stabiliser la conjoncture, c'est-à-dire de maintenir la demande globale, tout le problème est de savoir si le gouvernement va prendre les dernières recommandations du FMI et autres experts financier pour amorcer une nouvelle feuille route dans sa politique sociale. On le saura quand sera rendu public le nouveau modèle économique que compte annoncer dans les prochaines semaines le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Z. A.