La guerre au Yémen reste désastreuse à des niveaux diverses pour ce pays pauvre de la Péninsule arabique. La population civile paie souvent le gros tribut des conflits politiques internes. Et à l'occasion de cette énième guerre, aux ramifications externes, la règle morbide est de mise. Les civils, notamment ceux de conditions modestes, se retrouvent en première ligne face à la destruction. Le minimum qui faisait office de cadre de vie précaire a volé en éclat dans un certain nombre de zones civiles. Au Koweït, l'ONU prévoit de négocier un accord de partage du pouvoir. Mais le président Hadi insiste sur la mise en application de la résolution 2 216 du Conseil de sécurité, qui presse surtout les Houthis de se retirer de certaines zones et de déposer les armes. Une éventualité difficilement applicable sur le terrain sans un accord global Le Yémen serait-il sur la voie de trouver une issue à la situation de guerre qui le secoue ? Les différents acteurs du conflit semblent montrer des signes de vouloir dépasser une situation devenue intenable. L'ONU mise sur la consolidation de la trêve entrée en vigueur lundi au Yémen pour accélérer la recherche d'une solution politique à un conflit qui déstabilise la région, avec en toile de fond la rivalité de plus en plus tenace entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Les Houthis, les forces de l'ex-gouvernement et la coalition militaire menée par Riyad ont annoncé clairement qu'ils acceptaient le cessez-le-feu et s'engageaient à le respecter. L'Arabie saoudite semble arrivée à des limites dans ce conflit qui coûte des sommes colossales en dollars et en termes d'image. La capitale yéménite Sanaa, contrôlée par les Houthis, n'a ainsi pas été prise pour cible depuis dimanche par de nouveaux bombardements aériens de la coalition saoudienne. La cessation des combats intervient alors que les inquiétudes s'amoncellent, notamment sur le coût humain d'un conflit qui a déjà fait 6 300 morts en un an, pour moitié des civils, et 30 000 blessés, tandis que 2,4 millions de Yéménites ont été déplacés. Des chiffres donnés par l'ONU, qui estime que 80% de la population a besoin d'une assistance humanitaire urgente. La guerre au Yémen commence à prendre des proportions qui peuvent aggraver la menace sur un plan plus régional. Le renforcement grandissant des organisations djihadistes, comme Al-Qaïda et le groupe Daech, dans le pays le plus pauvre de la Péninsule arabique demeure une autre inquiétude pour toute la région. Le Yémen en proie au chaos depuis l'intervention militaire de la coalition de pays arabes initiée par l'Arabie saoudite est plus que jamais à la recherche d'une paix a minima. La montée en puissance des Houthis, mouvement yéménite issu de l'importante minorité zaïdite concentrée essentiellement dans le nord du pays, a été mal perçue du côté de Riyad. Allié à des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, le mouvement Houthis a fait son entrée dans la capitale Sanaa en septembre 2014 devenant de fait un acteur politique inévitable. Six mois plus tard, l'Arabie saoudite voisine intervenait à la tête d'une coalition militaire composée de pays arabes pour soutenir le président Hadi et peser dans le bras de fer politique interne. La vie politique au Yémen est devenue de fait un élément qui intéresse d'autres pays de la région. Le médiateur de l'ONU, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, encourage l'arrêt des combats et a exhorté les différents acteurs à rester déterminés à soutenir cette trêve, qui «est essentielle, urgente et indispensable car le Yémen ne peut pas se permettre de perdre davantage de vies» estime le diplomate. La trêve est un véritable «premier pas vers le retour de la paix au Yémen», alors que l'ONU s'apprête à organiser le 18 avril au Koweït de nouveaux pourparlers entre le l'ex-gouvernement et l'alliance Houthis-Saleh. Le face à face promet. Koweït, un espoir ténu La trêve devait surtout permettre d'assurer un libre accès humanitaire aux civils. La guerre au Yémen reste désastreuse à des niveaux diverses pour ce pays pauvre de la Péninsule arabique. La population civile paie souvent le gros tribut des conflits politiques internes. Et à l'occasion de cette énième guerre, aux ramifications externes, la règle morbide est de mise. Les civils, notamment ceux de conditions modestes, se retrouvent en première ligne face à la destruction. Le minimum qui faisait office de cadre de vie précaire a volé en éclat dans un certain nombre de zones civiles. Au Koweït l'ONU prévoit de négocier un accord de partage du pouvoir. Mais le président Hadi insiste sur la mise en application de la résolution 2 216 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui presse surtout les Houthis de se retirer de certaines zones et de déposer les armes. Une éventualité difficilement applicable sur le terrain sans un accord global. En attendant, la précarité menace. La nouvelle trêve fait suite à trois autres cessez-le-feu en 2015 qui ont rapidement volé en éclats. Des observateurs du conflit yéménite estiment qu'il y a plus de chance de voir la trêve tenir cette fois-ci. L'ONU ayant bien préparé le terrain et prévu des commissions mixtes pour la faire appliquer sur le terrain. Mais il est évident que le face à face pour le moins électrique entre l'Arabie saoudite et l'Iran n'est pas prêt de s'estomper. L'étape du Koweït pour trouver une issue à la guerre et un début de solution politique qui agréerait notamment les acteurs externes du conflit sera-elle décisive ? M. B.