De plus en plus d'artistes, soit en solo, soit en collectif, sortent des murs des galeries d'exposition pour investir les espaces extramuros. Cela donne lieu à des expériences artistiques inédites, certes souvent éphémères mais permettant d'apporter les créativités artistiques au plus prés des citoyens lambda dont la majorité n'ont jamais franchi les seuils des galeries d'arts ou d'espaces d'expositions. De plus en plus d'artistes, soit en solo, soit en collectif, sortent des murs des galeries d'exposition pour investir les espaces extramuros. Cela donne lieu à des expériences artistiques inédites, certes souvent éphémères mais permettant d'apporter les créativités artistiques au plus prés des citoyens lambda dont la majorité n'ont jamais franchi les seuils des galeries d'arts ou d'espaces d'expositions. Depuis déjà quelques années une tradition s'est installée dans de nombreuses hôtels qu'ils soient public ou privé d'organiser régulièrement des expositions d'arts plastiques dans ses différentes expressions stylistiques. Les expositions se déroulent principalement dans des espaces de l'hôtel qui compte une grande circulation de la clientèle, permettant ainsi d'une part une plus grande visibilité des œuvres et d'autres parts des acheteurs ou mécènes potentiels. Un partenariat gagnant-gagnant tant pour les gestionnaires qui apportent une touche de prestiges aux lieux que pour les artistes exposants dont les œuvres peuvent être vues et pourquoi ne pas impulser le marché de l'art en Algérie qui tarde à connaître un véritable envol. Citons également dans ce même esprit, les expériences dans certaine entreprises, à l'instar du fameux espace baptisée «la Baignoire», un bureau de consulting située au cœur d'Alger, à deux pas de Bab Azzoun, où les bureaux accueillent différentes expressions artistiques en parfaite harmonie avec l'espace de travail. Par ailleurs, dans un autre registre, mais toujours dans l'esprit d'investir des lieux atypiques pour faire des actions artistique créatifs depuis quelques années, des collectifs d'artistes font des actions inédites dans des lieux les plus improbables mais dont la caractéristique est de faire sortir l'art dans la rue et d'aller vers la sensibilisation d'un plus large public à l'esthétisme sous toutes ses formes. Les plus féconds dans ce domaine sont les artistes issus des écoles des Beaux Arts, qui s'approprient des lieux aussi improbable, qu'un chantier de construction ou des pipelines pour des actions artistiques afin de démontrer que l'esthétisme peut être sublimé en tout lieux et en tout moment pour peu qu'on laisse l'artiste s'exprimer. Dans cette lignées, citons l'expérience de «Picturies Générales», un collectif d'artistes composé de jeunes étudiants des Beaux Arts prometteurs, mais également d'artistes expérimentés qui ont investi cette année un Souk El Fellah désaffecté, le mythique marché Volta dont ne subsiste que les tuiles et la charpente métallique pour en faire un lieu de vie et de créativités. Ainsi, la 3e édition de l'expo collective Picturie Générale, réunissant, vingt trois artistes algériens, se poursuit jusqu'au 21 mai prochain. Parmi les exposants citons, le fameux artiste connu sur les réseaux sociaux sous le pseudo «l'homme jaune». Le jeune artiste avait créé le buzz en investissant plusieurs lieux communs dans plusieurs villes d'Algérie, en peignant le fameux homme jaune sur les murs, les trottoirs et autres façades grises pour donner un peu de couleur, du soleil à la grisaille de la ville tout en exprimant un état d'âme artistique dans des performances fugaces. Parmi la jeune génération des étudiants des Beaux Arts, il y a également des jeunes tagueurs et photographes, qui défient le marasme ambiant amplifié par les murs blafards de la citée, à travers des œuvres artistiques de haut niveau, qui montrent le potentiel d'une génération d'artistes en mal d'espaces de création et de visibilités. En effet, à travers ces performances aussi atypiques les unes que les autres, les artistes mettent le doigt sur un problème qui perdure depuis des années, celui d'espace de créativités en dehors des carcans officiels afin de se rapprocher d'un public plus large dans une action de culture de proximité et de promiscuité. Car il s'agit de créer des passerelles entre l'artiste et le grand public, se rapprocher des citoyens dans une dynamique d'échange afin que l'art ne soit plus une expression purement esthétique, mais qu'il fasse partie intégrante de la vie de la cité, un catharsis qui exprime, l'âme de tout un peuple, mais également un espace de dialogues, d'éveils de conscience et de la sublimation de l'esprit. Certes cela peut paraître utopique, mais ce défi que continue de relever de nombreux artistes algériens envers et contre tout en s'investissant humainement mais également souvent avec leur propre moyen pour que l'art est le droit de cité dans la société algérienne. Rappelons également, la mobilisation des artistes, en 2014 sous l'étendard «Les abattoirs d'Alger, une aubaine pour l'art» qui avaient lancé une pétition en ligne, afin de récupérer l'établissement et d'en faire des ateliers pour artistes et un haut-lieu de la culture algéroise. Une pétition qui avait connu un grand engouement sur la toile, au point d'arriver jusqu'aux plus hautes sphères du système. Pour rappel, un arrêté du ministère de la Culture publié au Journal officiel, le 23 mars 2014, a fixé l'intégration des Abattoirs d'Alger au patrimoine culturel national. S'étendant sur 24 000 m² dans la commune d'Hussein Dey, l'édifice sera protégé par les articles de loi 98/04, qui régissent le patrimoine, et on ne verra aucun chantier non homologué par le ministère se lancer à 200 mètres de son périmètre, tout comme c'est le cas aujourd'hui à la Casbah. Ce classement avait donné une bouffée d'espoir aux artistes de tous les horizons qui aspiraient, à ce que les abattoirs deviennent «structure vivante et un lieu d'échanges et de rencontres» sous la forme d'expositions, d'ateliers et autres. Afin de faire sortir les arts visuels de leur léthargie, particulièrement dans la capitale». Ainsi, l'objectif de ces artistes est de «structurer, dynamiser et encourager la production artistique sous toutes ses formes». Cette demande s'inspirait d'expériences relevées dans de nombreux autres pays, à l'exemple des anciens abattoirs du Testaccio à Rome (Italie) qui abritent aujourd'hui le Musée d'art contemporain de la capitale italienne. Il y a aussi le «798» de Pékin, un village des artistes créé à l'emplacement d'une ancienne usine d'équipements électriques datant de l'époque de Mao par des artistes chinois qui ont pu ainsi réaménager cet espace. Outre leur architecture particulière qui semble convenir aux activités liés à l'art, les bâtiments des abattoirs d'Alger offrent l'avantage d'un espace ouvert et sont proches de plusieurs infrastructures culturelles importantes, Musée des Beaux Arts, Bibliothèque nationale, Palais de la culture, Centre des arts, Jardin d'essai...) et sont desservis depuis peu par un véritable système multimodal de transport qui les rend facilement accessibles aux visiteurs. Hélas, cette mobilisation est restée sans suite, et l'on ne connaît toujours pas le sort des Abattoirs d'Alger. S. B.