Des patients qui décèdent après une opération bénigne, des enfants dont l'organe génital est mutilé après une circoncision, des nourrissons terrassés par un vaccin contre la rougeole, les négligences médicales ne se comptent plus dans nos hôpitaux. Le drame survenu à l'hôpital de Ouargla suscite à nouveau l'inquiétude. Et pour cause. Un acte médical banal peut entraîner la mort d'un patient, à l'ère où la pratique de la médecine repose sur des technologies en constante évolution. A voir la nature des erreurs commises, on comprend que le bricolage s'impose toujours dans nos infrastructures hospitalières, au mépris de la vie des malades. Il faut plutôt parler de négligences médicales, tant ces bavures peuvent parfaitement être évitées. Comment en effet expliquer l'utilisation de gaz carbonique CO2 au lieu de gaz anesthésiant ? Deux femmes en sont mortes et ce sont deux morts de trop. Deux familles qui n'avaient aucune raison de s'alarmer sont endeuillées, comme l'ont été d'autres familles avant elles. Il est inconcevable que les hôpitaux deviennent des mouroirs, que l'on n'y entre pour y laisser sa vie alors que ces infrastructures sont censées donner une seconde vie aux cas les plus désespérés grâce à l'avancée de la science. Ce qui s'y passe est inadmissible. Un simple vaccin, une petite chirurgie pour l'extraction de la vésicule, peuvent s'avérer mortels. Le comble, c'est que des médecins se battent pour dépénaliser l'erreur médicale. Il est déjà bien difficile au citoyen de faire aboutir une plainte et de voir le ou les mis en cause condamné(s), tant les multiples affaires sont entourées d'opacité. Du directeur d'hôpital au personnel médical en passant par les médecins, tout le monde se solidarise autour du praticien auteur de la négligence. Une solidarité complice qui ne sert en rien la pratique d'un métier aussi noble que la médecine, mais qui ne fait que conforter l'impunité de tels actes, préjudiciables à la médecine et aux malades. Et si, en plus, l'erreur ou la négligence médicale ne sera plus passible de poursuites judiciaires, le malade n'aura plus d'autre choix que de se soumettre à la fatalité. La situation est telle que les pouvoirs publics doivent agir, en situant les responsabilités et en faisant appliquer la loi aux auteurs de négligences médicales. La suspension d'un directeur d'hôpital en attendant les résultats d'une enquête, cela équivaut à jeter de la poudre aux yeux car, pour l'heure, les enquêtes se suivent et se ressemblent. Elles ne révèlent jamais la véritable origine du drame, ni la nature de la faute commise, ni le véritable auteur. Elles rejoignent toujours, inévitablement, un coin sombre dont elles ne sortiront jamais, d'où leur inutilité. Leurs résultats, au lieu de contribuer à sauver des vies humaines, font souvent l'objet d'un black-out total. R. M.