Depuis quelques semaines, les Britanniques ont droit à un matraquage en règle. Jour après jour, toutes les grandes institutions, nationales ou internationales, déferlent pour avertir des dangers qui guettent le Royaume-Uni en cas de «Brexit», la sortie de l'Union européenne (UE) sur laquelle un référendum est organisé le 23 juin. Depuis quelques semaines, les Britanniques ont droit à un matraquage en règle. Jour après jour, toutes les grandes institutions, nationales ou internationales, déferlent pour avertir des dangers qui guettent le Royaume-Uni en cas de «Brexit», la sortie de l'Union européenne (UE) sur laquelle un référendum est organisé le 23 juin. Lundi 9 mai, le premier ministre, David Cameron, agitait les risques de guerre que pourrait provoquer une sortie de son pays de l'Union. Mardi, le chancelier de l'Echiquier, George Osborne, rappelait, face à un comité parlementaire, le chiffre-clé tiré d'une étude du Trésor : chaque Britannique perdrait 4 300 livres sterling (5 400 euros) d'ici 2030, en cas de «Brexit». Le même jour, le National Institute of Economic and Social Research (Niesr), l'un des centres économiques les plus respectés, a publié ses conclusions : en cas de sortie de l'UE, la croissance britannique baisserait de 0,8 point en 2017 ; d'ici 2030, le PIB perdrait entre 1,5% et 7,8%, suivant les scénarios ; et la livre sterling tomberait à parité avec l'euro. «Récession technique» Jeudi, Mark Carney, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, tirait, lui aussi, le signal d'alarme. Un «Brexit» «pourrait inclure une récession technique». Jamais il n'avait été aussi loin dans son avertissement. Pour lui, le principal risque auquel fait face le pays actuellement est l'issue du référendum. Enfin, vendredi 13 mai, Christine Lagarde a conclu la salve. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), qui était à Londres pour remettre le rapport annuel sur l'économie britannique, estime que les conséquences d'un «Brexit» vont «d'assez négatives à très, très négatives». Si elle se refuse à chiffrer le coût d'une sortie de l'UE, elle estime que celui-ci ne peut être que négatif : «Nous avons regardé très attentivement toutes les différentes opinions, les calculs, les modèles, les prévisions, les scénarios, nous avons travaillé et franchement, nous n'avons rien vu de positif.» La question est de savoir quel accès le pays conserverait au marché unique, qui représente encore 45% de ses exportations. La plupart des économistes prévoient un impact en deux étapes. La première est le choc initial : une violente secousse sur les marchés financiers, un brutal coup de frein des investissements… Après le vote, les règles européennes donnent deux ans au Royaume-Uni pour négocier ses conditions de sortie. Pendant cette période, l'incertitude serait très forte pour les entreprises, qui devraient repousser ou annuler une partie de leurs projets. La deuxième étape fait l'objet d'âpres débats. Toute la question est de savoir quel accès le Royaume-Uni conservera au marché unique, qui représente encore 45% de ses exportations. Il pourrait s'agir d'un accès complet, comme la Norvège, mais cela implique de continuer à contribuer au budget de l'Union européenne et d'accepter la libre circulation des personnes. A l'extrême opposé, le Royaume-Uni peut redevenir un simple membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), et avoir le même accès que n'importe quel pays, avec d'éventuels droits de douane. Entre les deux existent de nombreux scénarios. De rares voix dissonantes La très grande majorité des économistes estime que cette deuxième étape serait négative pour l'économie britannique, parce que son accès à son premier marché serait réduit. Mais quelques rares études estiment que le Royaume-Uni pourrait, au contraire, se libérer du «carcan» de l'UE, et signer des accords de libre-échange avec d'autres pays dans le monde, améliorant ses perspectives. Cette avalanche d'avertissements comporte cependant le risque d'être contre-productive. Plutôt que répondre sur le fond, les partisans du «Brexit» moquent cette mobilisation d'une élite mondiale déconnectée de la réalité. Après l'avertissement du FMI, Vote Leave, l'organisme officiel qui mène la campagne pour sortir de l'UE, a immédiatement diffusé sur les réseaux sociaux une photo de M. Osborne et de Mme Lagarde tous sourires, le regard complice. Légende : «Renvoi d'ascenseur…» («You scratch my back»). En clair, ces deux-là sont très proches, et le FMI n'est absolument pas indépendant. Beaucoup rappellent aussi les nombreuses erreurs réalisées par les «experts» par le passé. «On nous avait dit : “si on ne devient pas membre de l'euro, les investissements vont s'effondrer, et notre économie va en souffrir”. Les mêmes institutions se sont trompées à l'époque, et elles se trompent encore aujourd'hui», estime Gisela Stuart, l'une des rares députés travaillistes à faire campagne pour sortir de l'UE. E. A.