Selon des experts, si le gouvernement veut sérieusement instaurer un nouveau modèle de croissance économique, plusieurs obstacles devraient être balayés. Or, l'économie nationale demeure toujours pénalisée par le fléau de la bureaucratie, le déficit de compétence en management, l'instabilité juridique avec de fréquents changements dans la loi et les procédures, les aléas de la communication institutionnelle et le manque de confiance en matière d'investissements Le modèle économique actuel, basé sur les dépenses publiques qui sont tirées par l'industrie pétrolière est dépassé et n'est plus viable pour l'Algérie. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal l'a bien souligné lors de la 19e tripartite (gouvernement-UGTA-patronat), tenue dimanche dernier à Alger : «Préserver ce modèle a un coût qui jusque-là, était supporté par l'exploitation des richesses naturelles qui ne pourront plus à l'avenir garantir sa pérennité», a-t-il indiqué. Ce modèle est la conséquence directe de la faible croissance de la productivité et ne répond pas suffisamment aux besoins de création d'emplois et de diversification économique. Aujourd'hui, le bouleversement du marché pétrolier a poussé le gouvernement à revoir sa copie. Car, ce bouleversement a occasionné des contractions drastiques des revenus de l'Algérie avec une perte de plus de la moitié des ressources financières du pays. Selon le Premier ministre, il faut donc aller chercher la croissance ailleurs, c'est-à-dire dans «la sphère économique réelle», là où l'entreprise publique et privée est la clé de voute. Et c'est ce modèle de croissance économique, soumis à l'examen lors de la dernière tripartite, que le gouvernement veut le mettre en œuvre à l'effet de booster la croissance et l'investissement hors hydrocarbures, et ce, «tout en préservant la cohésion sociale du pays, dans le cadre de la justice sociale et de l'Etat de droit», a tenu à souligner le Premier ministre. Le gouvernement vise dans son nouveau plan, qui sera adopté prochainement par l'Exécutif, d'augmenter ses recettes d'exportations hors hydrocarbures à 9% à fin 2016 contre environ 5% à fin 2015, a indiqué le M. Sellal, à la clôture de cette tripartite. Il s'agit, selon lui, d'un modèle bâti sur une vision économique pragmatique claire qui vise à sortir de l'économie actuelle dépendante de la rente pétrolière. Cette vision préservera les acquis sociaux «mais à ceux qui en ont besoin», a-t-il précisé. «A travers ce nouveau modèle économique, le gouvernement engagera une transition marquée par une adéquation des politiques publiques et sectorielles, une rénovation de la gouvernance économique et l'émergence de facteurs de marché qui permettront de mettre en place une économie où la forte dépendance aux hydrocarbures et la dépense publique seront réduites graduellement», a indiqué le communiqué final de la réunion de la tripartite. Dans ce cadre, la dépense publique continuera de servir de levier de développement et de croissance dans le cadre d'une politique budgétaire rénovée dont l'objectif sera de maintenir l'effet de la dépense publique comme instrument de l'investissement public et comme fort stimulant à l'activité économique productive et outil de consolidation publique. Le nouveau modèle de croissance économique, selon M. Sellal, intègre un cadrage budgétaire, sur le court et moyen termes, réaménagé en fonction des éléments factuels de conjoncture «tout en maintenant les objectifs de croissance et d'édification d'une émergence fixés par l'autorité politique». L'objectif, selon le Premier ministre, étant d'aboutir en bout de cycle, à des niveaux «soutenables» en matière d'équilibres des finances publiques. Ce modèle, a-t-il précisé, «déploie une approche claire et consensuelle jusqu'en 2019 avec des perspectives à l'horizon 2030». Pour le chef du gouvernement, les ingrédients d'une émergence économique sont là. Il reste de mettre en symbiose tous les facteurs favorables et de mobiliser l'ensemble des facteurs dans le cadre d'une gouvernance et d'un plan qui «allient vision stratégique, pragmatique et responsabilité sociale et politique», a-t-il souligné. Et c'est à ce titre, que des réformes, selon le Premier ministre, seront engagées graduellement en concertation avec toutes les parties prenantes pour arriver à l'objectif escompté. Mais, selon des experts, si le gouvernement veut sérieusement instaurer un nouveau modèle de croissance économique, plusieurs obstacles devraient être balayés. Or, l'économie nationale demeure toujours pénalisée par le fléau de la bureaucratie, le déficit de compétence en management, l'instabilité juridique avec de fréquents changements dans la loi et les procédures, les aléas de la communication institutionnelle et le manque de confiance en matière d'investissements. B. A.