Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Des fraudeurs parmi les demandeurs de logement ? Il en existe certainement à Oran mais pas seulement chez les habitants des bidonvilles et des quartiers pauvres, où certains se sont déjà illustrés par leurs manœuvres douteuses visant à faire commerce de logements : occupation continue d'habitations précaires pour bénéficier de logements sociaux aux fins de les revendre ou les louer, utilisation de plusieurs dossiers pour une même et unique famille, contrefaçon et trafic de documents, bien des ruses ont été mises à nu et leurs auteurs exclus par les commissions d'attribution qui ont eu, par le passé, la délicate tâche de désigner les heureux bénéficiaires parmi les milliers de demandeurs. Récemment encore, lors de la démolition de la soixantaine d'habitations précaires du secteur urbain de Bouamama, il y a une dizaine de jours, les autorités de la daïra ont soutenu que plusieurs habitations faisaient partie d'un trafic, organisé par «une certaine mafia», consistant à faire croire à des familles provenant d'autres wilayas qu'elles pourraient bénéficier d'un logement neuf à Oran si elles consentaient à acheter ces habitations précaires. Contre la modique somme de 40 millions de centimes, ces esprits naïfs étaient ainsi convaincus que leur situation précaire attendrirait les autorités d'Oran qui les relogeraient fatalement ailleurs. Ce qui est, on le sait désormais, utopique puisque les bénéficiaires doivent être d'abord des habitants de la wilaya, «les autres devant rentrer chez eux maintenant que le terrorisme a été vaincu. D'ailleurs, les autorités ont déjà suffisamment de quoi faire avec les seuls demandeurs oranais», comme l'a affirmé un responsable avec une certaine dose de cynisme en estimant le nombre de demandes de logement à 80 000. Pourtant, tous les demandeurs de logement ne sont pas des trafiquants et ceux qui persistent à vouloir tricher n'ont pas véritablement les moyens ni la possibilité de frauder au point de susciter les mouvements de protestation qui suivent régulièrement l'affichage des listes des bénéficiaires : «Comme la corruption, les véritables trafics ont lieu à l'intérieur même des instances concernées par l'attribution de logements, accusent les protestataires. Il faudrait diligenter des enquêtes sérieuses pour expliquer pourquoi des demandes datant des années 1970 et 1980 sont encore insatisfaites, contrairement à des demandes plus récentes et comment il se fait que des célibataires bénéficient de logements spacieux alors que des familles nombreuses sont parquées dans des F2 ou des F3… On parviendra peut-être ainsi à démasquer la véritable mafia du logement.» Malheureusement, les résultats des enquêtes diligentées jusqu'à présent n'ont pas eu les résultats escomptés par la population et seuls quelques lampistes ont été jetés en pâture à la grogne populaire. La preuve ? Les émeutes du logement font toujours l'actualité à Oran malgré les milliers de logements réceptionnés depuis 1999.