L'Erythrée et l'Ethiopie s'accusent mutuellement d'effectuer des attaques à la frontière. L'Ethiopie «a déclenché une attaque contre l'Erythrée sur le front de Tsorona» a déclaré le ministère érythréen de l'information. « À notre connaissance, il n'y a pas d'affrontements », a de son côté annoncé le porte-parole du gouvernement éthiopien, Getachew Redda. Des sites Internet de l'opposition érythréenne en exil ont fait état de combats le long de la frontière. « L'attaque a eu lieu peu après minuit dimanche matin et les deux parties semblent avoir fait appel à des renforts », affirme le site Awate.com, en notant qu'il était rare que l'Erythrée accuse ainsi frontalement son voisin éthiopien d'une attaque. Les deux pays voisins entretiennent des relations conflictuelles. L'Erythrée a obtenu son indépendance de l'Ethiopie en 1991 après trois décennies de guerre. Une nouvelle guerre l'a opposée à l'Ethiopie de 1998 à 2000. Les deux pays demeurent ennemis et leurs forces se surveillent de près le long de la frontière lourdement fortifiée. Les deux voisins s'accusent mutuellement depuis longtemps d'attaques et de soutiens à des rebelles dans chaque pays. Un des sujets de contentieux concerne la ville de Badme. Elle a été attribuée à l'Erythrée par une commission de délimitation des frontières, soutenue par les Nations unies, mais l'Ethiopie continue de l'occuper. En février dernier, Addis-Abeba avait accusé Asmara d'être derrière des manifestations antigouvernementales qui avaient été violemment réprimées par l'Ethiopie. Chaque mois, des milliers d'Erythréens tentent de fuir leur pays, notamment en raison d'une conscription qui les soumet à un service militaire à durée indéterminée, selon les Nations unies. Le régime érythréen a été accusé le 8 juin à Genève de crimes contre l'humanité à grande échelle par une commission d'enquête de l'ONU qui a recommandé que le dossier soit porté devant la Cour pénale internationale (CPI). La commission, qui n'a pas été autorisée à se rendre en Erythrée par le régime en place depuis près de 25 ans, a interrogé 833 Erythréens en exil. Elle a réuni des dossiers de preuves à l'encontre des responsables soupçonnés d'avoir commis ces crimes contre l'humanité tels que l'esclavage, la torture, les privations de liberté, les disparitions forcées, la persécution, le viol et le meurtre. Le pays de 6,5 millions d'habitants est dirigé d'une main de fer depuis 1993 par le président Issaias Afeworki. En 2015, plus de 47 000 Erythréens ont demandé l'asile en Europe et la Commission d'enquête demande aux pays de leur accorder le statut de réfugié. Les Erythréens trouvent surtout refuge en Suède, en Allemagne, en Suisse et aux Pays-Bas. R. I.