Le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn a assuré être prêt à se rendre en Erythrée, pays voisin et ennemi de longue date, pour y ouvrir des négociations, dans un entretien accordé hier à la chaîne de télévision Al Jazeera. «Si vous me demandez 'voulez-vous aller à Asmara (la capitale érythréenne) et vous asseoir pour négocier avec Issaias Afeworki (le président érythréen)?'', je vous répondrai oui», déclare M.Desalegn, dans cet entretien accordé depuis Doha, et qui doit être diffusé à partir de samedi. «Le plus important pour nous est de lutter contre la pauvreté (...), d'obtenir une intégration régionale. Si nous y parvenions tous deux, ce serait beaucoup plus productif», ajoute le Premier ministre éthiopien. Hailemariam Desalegn a été élu Premier ministre - le poste au sommet du pouvoir éthiopien - en septembre dernier par le Parlement, un mois après le décès de son prédécesseur Meles Zenawi dans un hôpital à Bruxelles. Le règne de 21 ans de Meles Zenawi avait été marqué par une guerre particulièrement meurtrière avec le voisin érythréen entre 1998 et 2000. Addis-Abeba et Asmara continuent depuis de se disputer une ville frontalière, Badme, dont une commission d'arbitrage sous mandat onusien a pourtant donné le contrôle à l'Erythrée. Hailemariam Desalegn assure qu'en tendant la main à l'Erythrée, il s'inscrit dans la politique suivie par Meles Zenawi, qui «a demandé plus de cinquante fois à se rendre à Asmara et à négocier avec M. Issaias Afeworki». Le gouvernement éthiopien avait encore revendiqué en mars dernier avoir attaqué une base militaire en territoire érythréen, en réponse à une attaque menée le 18 janvier et attribuée par Addis-Abeba à Asmara, contre des touristes dans le nord de l'Ethiopie, au cours de laquelle cinq Européens avaient été tués et deux Allemands enlevés.