Dans un contexte de grave crise économique, plusieurs secteurs sont appelés à relevé ce défi appelé «économie productive». L'agriculture, le développement rural et la pêche en font partie. Le nouveau ministre du secteur, Abdeslam Chelghoum semble déterminé à renverser la donne et faire de son secteur celui qui, désormais, contribuera à la construction d'une économie nationale forte et émergente. Ainsi, pour sa première sortie depuis son installation à la tête du secteur, c'est depuis la wilaya de Bouira que le successeur de Sid Ahmed Ferroukhi affichera ses ambitions de booster le secteur. Il a insisté, samedi, auprès des agriculteurs du plateau d'El-Asnam à Bouira sur la nécessité d'augmenter la production de la pomme de terre et utiliser «rationnellement» le système d'irrigation mis en place il y a deux mois. Actuellement, la productivité de la pomme de terre au niveau du plateau d'El-Esnam est évaluée à 300 quintaux à l'hectare. «Ce taux est très insuffisant et la production doit être à 500 quintaux/ha. Vous avez tous les moyens et les superficies nécessaires pour le faire», a lancé le ministre à l'adresse des agriculteurs et responsables du secteur à Bouira. Au cours de sa visite, M. Chelghoum a plaidé pour la formation et l'encadrement permanent des agriculteurs en vue de fructifier les efforts consentis par l'Etat pour booster le secteur dans cette région à vocation agricole. «Ce développement passe inévitablement par le renforcement des structures de stockage et de conditionnement, ainsi que par la hausse de la production en vue d'œuvrer par la suite à exporter les produits agricoles», a-t-il insisté. Avec la mise en service du système d'irrigation, la production de la pomme de terre au périmètre d'El-Esnam devra connaître une augmentation durant les prochaines saisons agricoles, selon les prévisions des agriculteurs de cette région. Le ministre a saisi cette occasion pour appeler ces derniers à une utilisation rationnelle du système d'irrigation en place, notamment durant la période d'été, ainsi qu'à la généralisation du système goutte-à-goutte, signalant que «60 % des eaux d'irrigation sont utilisées durant la période de grande chaleur s'évaporent». «L'irrigation doit se faire très tôt le matin et pendant la nuit notamment en période des grandes chaleurs en été pour éviter la perte d'eau», a-t-il recommandé. Dans un rapport remis à la presse à l'occasion de cette visite, le ministère a réitéré l'engagement de son département à développer le système d'irrigation par le recours aux irrigations d'appoint. Dans ce cadre, l'Algérie ambitionne d'augmenter les superficies céréalières. Ces dernières sont estimées actuellement à 200 000 hectares. M. Chelgoum s'est, par la suite, rendu au complexe avicole centre (Orac) d'El-Esnam où il a exhorté les responsables concernés de procéder d'ici à septembre prochain, à la modernisation et réhabilitation du complexe, dont une opération allant dans ce sens avait été inscrite depuis 2012. Sur site, le ministre a interpellé les responsables de cette entreprise publique à propos des prix jugés élevés du poulet congelé dans certaines wilayas comme Alger, où le kilogramme de poulet congelé est, selon lui, cédé à 275 dinars. Il a, sur place, instruit les parties concernées à œuvrer de façon à préserver le pouvoir d'achat du citoyen notamment en ce mois de ramadan. «Vous êtes tenus de réguler les prix et de protéger le pouvoir d'achat du citoyen», a-t-il dit à l'adresse des responsables de l'Orac, ainsi qu'à ceux de l'Office national des aliments de bétail (Onab). Le ministre s'est également rendu à El-Hachimia où il a visité un projet de réalisation d'un complexe avicole de 455 000 poules pondeuses, équipé d'un matériel moderne. M. Chelghoum a loué les efforts de l'investisseur privé qu'il a appelé à investir également dans d'autres créneaux comme la récupération de la fiente pour son utilisation dans les engrais. L'entreprise Bali Groupe en charge du projet compte, selon ses responsables, réaliser quatre unités de récupération de la fiente à travers certaines wilayas du pays. Selon des données communiquées à l'occasion de cette visite ministérielle, la wilaya de Bouira occuperait la deuxième place concernant la viande blanche avec une production de 499 000 quintaux, ce qui représente 10 % de la production nationale, dont l'objectif est d'atteindre les 657 000 quintaux en 2019. Par ailleurs, la mise en place des Programmes de développement rural (PDR) de 2009 à 2015 a permis la réalisation de plusieurs projets agricoles, indique un rapport du même ministère. Parmi ces projets l'on retrouve une plantation forestière d'une superficie de 231 626 hectares, la mise en défense des zones pastorales sur environ trois millions d'hectares en zones steppiques ainsi que la création de vergers arboricoles sur pas moins de 129 000 hectares. L'application de ces programmes tout au long de ces six années a également permis le désenclavement de populations rurales notamment par le biais de l'aménagement de 12 416 kilomètres de pistes rurales, facilitant l'accès à diverses zones de culture. La ministre souligne dans son rapport que l'Etat poursuivra ses efforts pour améliorer les conditions de vie des populations rurales par la mise en place d'actions collectives et individuelles. Les Programmes de développement rural sont aussi à l'origine du traitement phytosanitaire de près de 154 000 hectares de terres ainsi que de 170 000 hectares de travaux sylvicoles, et de la valorisation des produits forestiers par l'exploitation de 820 000 mètres cubes de bois et la récolte de 370 000 quintaux de liège, selon les détails fournis dans le même rapport. En outre, près de 400 000 équivalent/emplois ont été créés à travers la réalisation des différentes activités des programmes du PDR, a-t-on ajouté de même source. A. B.