Des échauffourées ont éclaté dans la soirée de samedi dernier à Annaba au niveau de la rue Ibn-Khaldoun, dans le périmètre du marché populaire El Hattab, faisant deux blessés légers parmi les forces de l'ordre et une dizaine d'autres parmi les protestataires. Une quinzaine d'émeutiers ont été interpellés et emmenés au siège de la sûreté urbaine du 9e arrondissement. Cela avait commencé après la prière des taraouih. Les lieux grouillaient de monde et la circulation était bloquée par les étals des vendeurs de l'informel qui empiètent sur la chaussée où ils étalent à même le sol leurs marchandises. C'est l'anarchie habituelle amplifiée par l'approche de l'Aïd El Fitr qui voit la consommation augmenter sensiblement. Face à cette situation, les policiers affectés à la voie publique ont été réquisitionnés par les autorités pour procéder au «nettoyage» de ces espaces occupés illicitement. Aussi, ont-ils sommé les vendeurs de lever leurs étals et de quitter les lieux. Mais ces derniers refuseront d'obtempérer amenant ainsi les agents de l'ordre à confisquer leurs marchandises, ce qui fera réagir violemment les jeunes vendeurs. Les disputes ne tardent pas à tourner à l'affrontement. D'autres vendeurs accourront pour prêter main forte à leurs congénères. Et la situation dégénéra. Des émeutiers surgissent bâtons et barres de fer aux mains. Des projectiles commencent à pleuvoir de partout. Les renforts sont dépêchés rapidement sur les lieux. De nombreux véhicules de police sont stationnés aux points stratégiques et les policiers antiémeutes équipés pour la circonstance sont déployés. Les forces de l'ordre commencent à chasser les protestataires qui ne voulaient pas quitter les lieux. Blocs de pierres, barres de fer, objets de toutes sortes sont lancés sur les policiers qui répliquent avec les gaz lacrymogène et les balles de caoutchouc. Une fumée âcre emplit l'air. Des citoyens accompagnés de leurs enfants pris dans la mêlée couraient dans tous les sens cherchant ou se réfugier pour échapper à ces violences. Les magasins ont rapidement baissé rideau. Les commerçants ont préféré fermer leurs boutiques de peur qu'elles ne soient la cible de quelque émeutier en colère et la rue s'est vidée en quelques minutes laissant émeutiers et policiers s'affronter sur la voie publique. Un groupe de plus d'une centaine de casseurs s'est même attaqué au siège de sûreté urbaine du 9e arrondissement. Ces jeunes se rendront ensuite à la place Cours de la Révolution, au centre-ville, où ils ont brûlé des pneus et saccagé un magasin d'articles de sport. Mais les forces de l'ordre ont vite fait de reprendre en main la situation qui a été très vite maitrisée et les émeutiers ont reflué vers les rues adjacentes pour s'y réfugier. Les échauffourées se sont poursuivies jusqu'à une heure avancée de la nuit avant que le calme ne revienne vers 1h30 où l'ordre et la sécurité ont été rétablies. L'opération qui a duré des heures, dans la nuit du samedi à dimanche, s'est soldée par l'arrestation de 20 émeutiers tandis que sept cas d'évanouissement ont été enregistrés parmi les manifestants et treize agents de l'ordre blessés et évacués vers l'hôpital. Force est donc revenue à la loi et l'ordre. Une reprise en main de la situation qui gagnerait à être maintenue pour que les espaces publics continuent à profiter au public. Exclusivement. Selon le responsable de la sûreté urbaine, l'opération de lutte contre le commerce informel dans la ville d'Annaba se poursuivra jusqu'à son éradication totale. M. R.