Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La décision prise par les autorités locales de la wilaya de Mostaganem de démolir le théâtre El Moudja, situé en bord de mer, n'a pas été acceptée par le mouvement associatif et autres férus du 4e art. En effet, cette décision du wali de Mostaganem, Mme Zerhouni, n'a pas été bien accueillie par les locataires du petit théâtre, qui y ont évolué pendant plus de 20 longues années. Il s'agit de l'association El Moudja (la vague) qui fêtera dans deux jours le 30e anniversaire de sa création. Cette dernière a procédé récemment à un réaménagement des lieux et à une rénovation des sièges de la salle des représentations. Officiellement, la wilaya qui a entamé «une opération d'embellissement et de réaménagement du front de mer, estime que le vestige gêne le plan de réaménagement», nous dit-on. Du côté de l'association et des amis du petit théâtre, on s'indigne de «la légèreté avec laquelle on achève un monument artistique et un témoin séculaire du 4e art dans la ville de Mostaganem». On nous signale qu'une correspondance a été adressée au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et à la ministre de la Culture, Khalida Toumi, afin de surseoir à cette décision insensée, dénuée de toute raison. «Au moment où le pays a besoin d'infrastructures culturelles et artistiques à même de consolider notre richesse et préserver ce qui peut l'être, on s'aperçoit que d'autres responsables nagent à contre-courant des réalités et des espérances. Un tel théâtre est à consacrer musée du 4e art dans des pays civilisés», notent d'indéfectibles adeptes du théâtre El Moudja. En effet, cet édifice culturel a été le témoin de rencontres théâtrales, de représentations données par des géants de la dramaturgie algérienne et même étrangères. On citera le passage des défunts Alloula, Sirat Boumediene, Kaki Abderrahmane, Keltoum, Rouiched et tant d'autres, qui y ont conquis leurs lettres de noblesse. Bien qu'il existe un projet de réalisation d'un théâtre régional dans la ville, les hommes de l'art et de la culture ne comprennent pas comment en est-on arrivé au stade où l'«on prononce aussi facilement une décision de démolir un édifice culturel et historique avec une légèreté aussi insoutenable», s'interroge-t-on. Les comédiens et autres férus de théâtre nous ont appris que des artistes de renommée, acteurs et comédiens, ont affirmé leur soutien à la position des responsables de l'association El Moudja de préserver ce théâtre. «Où allons-nous partir ? C'est de la folie ! Pourquoi tout ce mépris et cette déconsidération vis-à-vis de ceux qui ont été les pionniers du théâtre dans toute l'Oranie ? On ne le comprendra sans doute jamais», s'insurgent des comédiens. En attendant qu'un responsable réagisse, à Mostaganem on semble décidé à achever El Moudja.