Siège de l'euro et des superviseurs européens pour les banques et les assurances, doté de bonnes infrastructures et d'un environnement politique et juridique stable, Francfort est bien placée pour faire office de premier partenaire continental du Royaume-Uni après son retrait de l'Union européenne. La Fédération bancaire privée allemande (BdB) en est convaincue et appelle les milieux politiques allemands à se mobiliser pour la métropole financière ou «Finanzplatz» au bord du Main. «Le monde politique allemand doit davantage se faire entendre. Paris est plus actif en la matière», a reconnu jeudi Michael Kemmer, directeur général de la BdB, devant la presse à Francfort. Certes, le maire social-démocrate de Francfort, Peter Feldmann, comme le ministre vert de l'Economie du Land de Hesse, Tarek Al-Wazir, ont déjà pris leur bâton de pèlerin pour vanter à Londres les mérites de la métropole allemande. Le propos de la BdB vise plutôt le gouvernement fédéral à Berlin. Ce dernier devrait être «plus audible» sur le sujet, alors que les suites du Brexit peuvent être considérables pour Francfort -et l'Allemagne- en termes de croissance et d'emplois, souligne le lobby bancaire. Si cela n'est pas encore le cas, c'est parce que le sujet «n'est pas encore très chaud», le calendrier du Brexit n'étant pas encore fixé. Par ailleurs, Berlin n'est pas vraiment redevenu l'ami de la finance, qui a causé tant de déboires depuis la crise de 2008. «Les électeurs ne verraient pas forcément d'un bon œil les politiques afficher leur soutien aux banques», note Michael Kemmer, alors que les élections législatives vont se tenir l'an prochain. Pour renforcer son attractivité, Francfort a besoin, outre d'un engagement du monde politique, de soutiens administratifs, plaide Michael Kemmer. Il appelle notamment l'Union européenne à transférer le siège de l'Autorité bancaire européenne (ABE), actuellement basée à Londres. La «ville aux bords du Main» doit aussi faire davantage pour accueillir des start-up financières. L'anglais devrait par ailleurs devenir plus courant, par exemple en mettant à disposition une traduction de la loi bancaire allemande, ou en introduisant la langue de Shakespeare dans les tribunaux. D'autres revendications plus anciennes ont à nouveau émergé, comme l'abandon du projet européen de taxe sur les transactions financières. Michael Kemmer ne veut pas en revanche s'associer à ceux qui demandent d'assouplir le droit du travail dans la finance, ou d'accorder un traitement fiscal d'exception pour les bonus des banquiers. Le titre de l'opérateur boursier allemand Deutsche Börse a gagné 3,31%, jeudi à Francfort, au lendemain de la communication du résultat de l'échange d'actions dans le cadre de la fusion avec le London Stock Exchange. Au final, 89,04% des actions ont été apportées à l'offre. Le projet d'un montant de 25,7 milliards d'euros doit encore recevoir l'aval de nombreux régulateurs.