Responsables politiques et dirigeants bancaires européens sont une nouvelle fois, debout contre le Fonds monétaire international (FMI) selon lequel le système bancaire de l'Union européenne souffre d'un déficit de fonds propres. Selon une source européenne, le FMI estime que les banques européennes risquent d'être confrontées à un manque de fonds propres de l'ordre de 200 milliards d'euros, pour affronter la crise de la dette souveraine dans la zone euro et un ralentissement de la croissance. Samedi dernier, lors des rencontres annuelles de la Réserve fédérale américaine, la directrice du FMI, Christine Lagarde, avait déjà plaidé pour une recapitalisation "substantielle" des établissements financiers européens. Cette querelle entre l'institution de Washington et les responsables européens illustre les divergences de vues sur l'état de santé du secteur bancaire européen. L'IASB, le conseil des normes comptables internationales, a aussi émis, cette semaine des réserves quant aux méthodes de valorisation de la dette publique grecque utilisées par certaines banques européennes. La Commission européenne a, toutefois, réaffirmé que l'Union européenne n'avait pas besoin de recapitaliser ses banques au-delà de ce qui a été décidé en juillet à l'issue des résultats des tests de résistance menés par l'Autorité bancaire européenne (EBA). "Notre analyse de la situation n'a pas changé. Elle est dans les faits partagée par les Etats membres", a déclaré un porte-parole de la Commission européenne. "Nous avons eu une discussion approfondie lors des résultats des tests de résistance des banques. C'est notre diagnostic et il n'y a pas lieu de le modifier." "Nous sommes au courant de ces chiffres (du FMI) mais nous pensons qu'ils comportent des défauts méthodologiques sérieux. Il y a des discussions sur le sujet avec le FMI", a de son côté fait savoir une source officielle de la zone euro qui a requis l'anonymat. LES BANQUES REAGISSENT Les établissements bancaires allemands et français ont, eux aussi, réagi en assurant qu'ils étaient suffisamment capitalisés. "Les banques françaises sont bien capitalisées", a déclaré à Reuters une porte-parole de la Fédération bancaire française (FBF). "Elles ont augmenté leur capitalisation depuis la crise." Lors de l'Université d'été du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines), la ministre du Budget, Valérie Pécresse, a aussi fait savoir que les banques françaises avaient suffisamment de fonds propres. "Je crois qu'il n'y a pas d'inquiétude à se faire pour les banques françaises", a indiqué la ministre, reprenant les propos du ministre de l'Economie, François Baroin. Plus tôt dans la matinée, les banques allemandes ont considéré que les craintes du FMI concernant un possible manque de fonds propres n'étaient pas justifiées. "Les banques sont bien capitalisées", a dit Michael Kemmer, directeur de la fédération professionnelle BdB, lors d'une interview au quotidien allemand Die Welt. La BdB représente quelque 210 banques privées dont Commerzbank et Deutsche Bank. "Nous ne comprenons pas comment le FMI en arrive à ces conclusions", a de son côté réagi la fédération des banques publiques allemandes VoeB. Plus tôt dans la semaine, l'Autorité bancaire européenne (EBA) avait aussi fait savoir que les banques de l'Union européenne n'avaient pas besoin d'être massivement recapitalisées. Les inquiétudes autour de la crise de la dette publique au sein de la zone euro et de la dégradation du climat économique continuent néanmoins de peser sur les valeurs financières européennes de la zone euro. A Paris, Crédit agricole et BNP Paribas, très exposées aux dettes souveraines des pays périphériques de la zone euro, abandonnent ainsi entre 23% et 29% depuis le début de l'année. L'indice bancaire européen recule de près de 26% depuis le 1er janvier.