La Turquie a lancé une opération à l'intérieur des terres syriennes dans l'objectif, selon Ankara, de chasser l'organisation Daech et les milices kurdes de Jarablos. Une intervention vite condamnée par le gouvernement syrien qui considère Ankara comme un des acteurs les plus actifs de la déstabilisation de la Syrie. Il est probable que c'est davantage la menace kurde que celle du groupe Daech qui inquiète Ankara. Cette dernière ne veut pas que les Kurdes se positionnent davantage à la frontière. Cependant son allié américain soutient les Kurdes, au grand dam d'Ankara L'armée turque a lancé une opération à l'intérieur des terres syriennes dans l'objectif, selon Ankara, de chasser l'organisation Daech et les milices kurdes de Jarablos, localité frontalière de la Turquie. Cette opération, soutenue par la «coalition internationale» et baptisée «Bouclier de l'Euphrate», est la plus risquée de la Turquie depuis le début de la tragédie en Syrie, il y a cinq ans et demi. «Nos forces ont lancé une opération contre les groupes terroristes Daech et contre le PYD (Parti de l'Union démocratique, kurde)», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan. L'intervention a vite été condamnée par le gouvernement syrien qui considère Ankara comme un des acteurs les plus actifs de la déstabilisation de la Syrie. L'intervention militaire de la Turquie en Syrie est une «violation flagrante» de la souveraineté du pays, a dénoncé le ministère syrien des Affaires étrangères, peu après le début de l'opération. Damas «condamne le franchissement de la frontière turco-syrienne par des chars et des blindés turcs en direction de la ville de Jarablos avec une couverture aérienne de la coalition menée par Washington». Les autorités turques annoncent «une opération visant à nettoyer le district de Jarablos de la province d'Alep de l'organisation terroriste Daech.» Jarablos est le dernier point de passage contrôlé par Daech à la frontière côté syrien. La Turquie avait ordonné mardi soir aux habitants de Karkamis, qui fait face à Jarablos côté turc, d'évacuer la ville. La Turquie semble vouloir établir sa propre «zone de sécurité». Il est probable que c'est davantage la menace kurde que celle du groupe Daech qui inquiète Ankara. Le ministère des Affaires étrangères turc a affirmé attendre que les milices kurdes se retirent à l'est de l'Euphrate. La Turquie semble soucieuse d'empêcher l'avancée des combattants kurdes de Minbej vers Jarablos. Ankara ne veut pas que les Kurdes se positionnent davantage à la frontière. Alors que des centaines de groupes armés soutenus par Ankara se préparaient du côté turc à une attaque en Syrie pour prendre Jarablos, les turcs annoncent cette opération motivée par «la volonté d'Ankara d'empêcher la prise de contrôle par les milices kurdes de cette localité». Ankara voit avec inquiétude toute tentative des Kurdes de Syrie de créer une unité territoriale autonome le long de sa frontière. La Turquie considère le Parti de l'union démocratique (PYD, kurde) au même titre que Daech comme des organisations terroristes. Cependant son allié américain soutient, au grand dam d'Ankara, les Kurdes. Le dossier demeure explosif. Pour preuve l'arrivée à Ankara du vice-président américain Joe Biden. M. B./Agences